La planchiste avait rapporté des Jeux de PyeongChang une médaille d'argent et... un oeil au beurre noir. Mais son vrai rêve, elle l'a réalisé il y a une dizaine de jours, en remportant une médaille d'or au grand saut lors de ses premiers X Games. Laurie Blouin est notre personnalité de la semaine.

Quand elle était petite, Laurie Blouin ne rêvait pas nécessairement d'aller aux Jeux olympiques.

D'abord, ses spécialités, le slopestyle et le grand saut, que les gens de planche à neige appellent le « big air », ne faisaient pas partie du programme des Jeux d'hiver.

La première a intégré les catégories de compétition seulement à partir de 2014, aux Jeux de Sotchi. Et la seconde en 2018, à PyeongChang.

Et puis le vrai rêve était ailleurs.

Le vrai rêve, c'était d'aller aux X Games, le rendez-vous annuel du sport extrême.

Et pour la première fois cette année, l'athlète de 22 ans y est allée. C'était à Aspen, au Colorado, il y a une dizaine de jours, et elle en est revenue avec une médaille d'or. Notre personnalité de la semaine a remporté le grand saut, en exécutant particulièrement bien un Cab Double Underflip 900 et un Frontside 900.

« C'est très difficile d'être invitée », explique Laurie en entrevue. Seulement huit femmes planchistes sont conviées à la compétition. « Les huit meilleures au monde. »

Elle attendait ce moment, vous comprendrez, depuis vraiment très longtemps.

Peut-être vous souvenez-vous de Laurie Blouin aux Jeux de PyeongChang.

Elle y avait gagné une médaille d'argent malgré une fouille spectaculaire qui l'avait laissée avec un oeil au beurre noir.

Cela ne l'a pas incommodée outre mesure physiquement, explique-t-elle. « Après ma chute, les médecins m'ont bien examinée et ils ont décidé de me laisser aller. » C'est là qu'elle est repartie gagner sa médaille.

Mais pour les spectateurs, voir ainsi la jeune Québécoise triomphante, avec son ecchymose, sur le podium, cela ajoutait presque un élément de bravoure à l'aura de l'athlète de ce sport un peu rebelle.

En a-t-elle entendu beaucoup parler par la suite ? Oui.

Laurie, c'est celle qui a gagné sa médaille, même blessée.

Originaire de la région de Stoneham, près de Québec, où il y a un centre de ski réputé pour la longueur de ses saisons, Laurie Blouin a commencé à faire de la planche à neige à l'âge de 6 ans. Pourquoi ? Parce qu'elle était très « tomboy », dit-elle - elle rejetait les stéréotypes féminins -, et voulait faire tout comme son frère de cinq ans son aîné. À 13 ans, elle s'inscrit à sa première compétition et entre plus que jamais dans le sport. À partir de là, sa vie se passera surtout sur la neige, de midi à 22 h à la montagne.

Dès ses débuts sur le circuit régional, elle rencontre Max Hénault, qui est aujourd'hui entraîneur au centre Maximise, à Sainte-Agathe-des-Monts, sur l'ancien mont Castor. C'est là que Laurie s'entraîne maintenant.

Elle ne va plus à l'école depuis la fin du secondaire. 

« Ce n'est pas possible pour moi de faire deux choses en même temps, soit l'école et la planche. Donc je fais juste de la planche. »

- Laurie Blouin

Et elle se voit à temps plein dans ce sport encore longtemps.

Vise-t-elle les Jeux olympiques de Pékin en 2022 ?

« C'est sûr », lance-t-elle. Mais dans la planche à neige, on peut vivre du sport sans y aller. L'action se passe surtout ailleurs, là où sont les commanditaires, dans des événements comme les X Games. « Il y a beaucoup d'autres grosses compétitions. »

Et que fait-elle l'été ?

Elle fait encore de la planche.

Elle cherche la neige.

Elle en trouve en Suisse, sur les glaciers à Saas-Fee, par exemple, ou alors dans l'hémisphère Sud, en Australie et en Nouvelle-Zélande. Cet été, elle pense peut-être aller voir ce qui se passe du côté du Chili. Elle se promène avec les autres membres de l'équipe canadienne, composée de cinq hommes et trois femmes.

À travers tout cela, même s'ils ne sont pas eux aussi adeptes des planches et de la neige, ses parents l'appuient, l'encouragent. Un père qui possède une entreprise d'électricité. Une mère et un beau-père qui ont une entreprise de construction. Ils fabriquent des cuisines. La maman de Laurie l'aide aussi à gérer sa carrière.

« Ils ont toujours été avec moi », dit la jeune athlète. « Ils ont été parfaits ! »

Laurie Blouin en quelques choix

Un film 

Le roi lion. « Quand j'étais jeune, je le regardais en boucle », dit-elle. Et aujourd'hui, quand les enfants de son entraîneur le regardent, elle le regarde avec eux. « J'aime les animaux, ça a marqué mon enfance. » Le thème du film qui lui plaît ? « La persévérance. »

Un livre

« Je ne lis pas beaucoup, mais récemment, j'ai lu la biographie de Georges St-Pierre et j'ai beaucoup aimé. »

Un personnage contemporain

La championne américaine de planche à neige Jamie Anderson. « Je regarde toujours ses vidéos, elle est vraiment inspirante. »

Une phrase 

« Si tu peux le visualiser, tu peux le faire. »

Une cause 

« Je suis ambassadrice pour Leucan. C'est une cause qui me touche vraiment. Je suis contente de pouvoir inspirer de jeunes enfants. » Et la cause la touche d'autant plus qu'un planchiste québécois d'élite, Maxence Parrot, a appris récemment qu'il était atteint d'un cancer, le lymphome de Hodgkin.