Alain Gourd, dirigeant d'entreprises de communication et ancien sous-ministre fédéral, s'est éteint le 8 décembre à l'âge de 66 ans.

Il était une figure bien connue du monde des communications depuis ses débuts à la tête de l'entreprise familiale Radio Nord en 1973.

Durant les années 80, il occupe les fonctions de sous-ministre fédéral du ministère des Communications. «Alain voulait créer une synergie entre les différents joueurs, et pour cela il était présent sur le terrain, se rappelle François Macerola, le président de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC). Il a insufflé cette façon de faire à Ottawa. Il pouvait me téléphoner à l'improviste pour demander à rencontrer des membres de Téléfilm Canada et de l'Office national du film... et il arrivait immédiatement.»

Diplômé en droit et en philosophie, il était un passionné de culture. «J'ai toujours été habité du désir profond de mettre en oeuvre les connaissances acquises pour produire, pour bâtir et pour laisser derrière moi des oeuvres tangibles», a expliqué Alain Gourd lors d'une allocution prononcée en 2005 à l'Université du Québec en Outaouais (UQO). Il recevait alors le titre de docteur honoris causa de l'Université, dont il avait été un des fondateurs et le premier président du conseil d'administration.

«Alain Gourd avait une voracité d'en savoir toujours plus, souligne Jean Vaillancourt, recteur de l'UQO. Une de ses citations favorites était de Virgile, et elle disait: On se lasse de tout sauf de comprendre.»

Alain Gourd avait à coeur de transmettre ses connaissances aux siens. Sa fille Ariane se rappelle de voyages familiaux en Europe au cours desquels son père aimait à jouer le rôle de guide culturel. «Quand on visitait une cathédrale, il nous racontait l'histoire de sa construction. Cela rendait les choses intéressantes, c'était génial!», se remémore-t-elle.

Après sa carrière de haut fonctionnaire, Alain Gourd prend la direction de Cancom, une entreprise ontarienne de radiodiffusion par satellite, avant d'accéder à la présidence de Bell ExpressVu.

«Alain avait la capacité d'unir les gens, cela faisait partie de sa personnalité», témoigne Mirko Bibic, premier vice-président et chef des affaires juridiques et réglementaires chez Bell, qui a travaillé avec Alain Gourd.

Depuis quatre ans, Alain Gourd se consacrait au cinéma québécois à titre de président du Bureau du cinéma et de la télévision du Québec (BCTQ). «Il avait la santé de l'industrie à coeur. Il voulait voir progresser le cinéma et la télévision québécoise, notamment sur le plan international, explique Hans Fraikin, commissaire national du BCTQ. C'était une joie de travailler avec lui. Quand je m'excusais de le déranger le samedi pour le travail, il me répondait: je ne travaille pas, je m'amuse!»

Alain Gourd s'engageait totalement dans ses entreprises. Lorsqu'il a appris qu'il était atteint du cancer, il s'est engagé dans l'Association canadienne du cancer colorectal, et il est devenu président.

Bien que les médecins ne lui donnaient que six mois à vivre, Alain Gourd remporte son combat contre la maladie. Dix ans plus tard, c'est une pneumonie qui vient de l'enlever à sa femme Jacinthe Théberge, à ses enfants et à ses petits-enfants.