Elle a fait sa marque dans la recherche universitaire et a ainsi aidé l'UQAM à prendre son envol. Elle a été une actrice importante du développement des technologies de l'information et de la communication (TIC) au Québec. Elle a également siégé à de nombreux conseils d'administration, en plus d'occuper le poste de présidente du Comité de transition de la Ville de Montréal, dans la foulée de la fusion de 28 municipalités. Bref, Monique Lefebvre a fait sa marque au Québec. Elle est décédée le 8 août dernier après un long combat contre le cancer. Elle avait 65 ans.

«Elle fait partie de la courte liste des bâtisseurs du Québec moderne. Elle n'avait aucune complaisance, peu importe où elle siégeait ou travaillait. Ses standards d'excellence étaient très élevés», affirme Louise Harel, chef de l'opposition officielle à la Ville de Montréal et ancienne ministre dans le gouvernement du Parti québécois.

Monique Lefebvre souffrait d'un cancer des ovaires depuis l'automne 2007. Deux interventions chirurgicales et des traitements de chimiothérapie ont permis à cette «main de fer dans un gant de béton» de tenir tête à la maladie pendant cinq ans. Mais en mai dernier, elle a dû mettre un terme à ses activités professionnelles.

À l'instar de Louise Harel, plusieurs membres de l'establishment québécois ont assisté aux funérailles de Monique Lefebvre, le 18 août à l'église Saint-Viateur de Montréal, dont la présidente du Mouvement Desjardins, Monique Leroux, de même que la présidente de l'Ordre des psychologues, Rose-Marie Charest.

Native de Montréal-Nord, Monique Lefebvre a fait ses études en psychologie. Son doctorat en poche, elle enseigne à l'Université de Montréal avant d'être recrutée par l'UQAM, où elle mettra en place le programme de doctorat en psychologie. Au milieu des années 70, elle est nommée doyenne des études avancées des 2e et 3e cycles et de la recherche.

À l'affût des technologies

«Elle a aidé l'UQAM à faire un virage vers la recherche. Avant ça, les autres universités se moquaient de l'UQAM en disant que c'était un gros cégep. Monique a permis de changer cela», explique François Carreau, époux de Monique Lefebvre.

En 1991, Monique Lefebvre délaisse le milieu universitaire, mais demeure active dans le domaine de la recherche en acceptant la présidence du Centre de recherche en informatique de Montréal (CRIM). Ce faisant, elle joue un rôle clé dans le développement de l'internet au Québec et au Canada. L'un de ses plus gros coups d'éclat: avoir réussi à convaincre les gestionnaires de l'Internet Society, un organisme mondial de coordination et de développement de la toile, à tenir son congrès annuel à Montréal en 1996 (INET'96).

De 1996 à 1998, elle travaille aux côtés de Pierre Péladeau qui la nomme vice-présidente de Québecor Multimédia (devenu par la suite NuRun). «Elle avait réussi à convaincre le patron de Québecor de la place qu'allaient occuper les technologies. Peu avant sa mort, M. Péladeau suivait des cours sur les façons d'utiliser l'internet», rappelle François Carreau.

À la même époque, Mme Lefebvre siège au conseil d'administration de quelques entreprises de capital de risque, où elle fait la rencontre du grand patron d'Ericsson Canada. Ce dernier la recrute et la nomme vice-présidente Québec-Maritimes. Elle occupe ce poste de 1998 à 2000, au moment où les entreprises de téléphonie cellulaire construisent leurs réseaux. Bref, Monique Lefebvre occupe à nouveau un poste clé dans une période charnière au Québec.

De 2000 à 2001, elle agit à titre de présidente du Comité de transition de la Ville de Montréal, où elle côtoie les élus municipaux, mais aussi provinciaux, dont Louise Harel, Bernard Landry et Lucien Bouchard. À partir de 2002, elle revient à ses premières amours, c'est-à-dire la psychologie. Elle est admise à l'Ordre des psychologues du Québec, puis devient coach professionnelle.

En 2011, Monique Lefebvre est nommée Chevalière de l'Ordre national du Québec, la plus prestigieuse des distinctions honorifiques de l'État québécois.

En plus de siéger dans de nombreux conseils d'administration tout au long de sa carrière (Transcontinental, Desjardins Sécurité Financière, Innovatech, Héma-Québec, etc.), Monique Lefebvre a été administratrice, depuis sa création, à l'Institut pour la gouvernance d'organisations privées et publiques (IGOPP), où elle a siégé aux côtés des Hélène Desmarais, Stephen Jarislowsky et Andrew Molson de ce monde.

Outre M. Carreau, elle laisse dans le deuil son fils Thomas, âgé de 22 ans.