(Saskatoon) P. J. Akeeagok était un adolescent vivant dans un petit hameau à la pointe de l’île d’Ellesmere lorsqu’il observait avec impatience la naissance officielle du Nunavut.

Il est dorénavant le premier ministre du plus jeune territoire du Canada, 25 ans plus tard.

« Il y avait tellement d’enthousiasme et d’optimisme dans l’air », se souvient M. Akeeagok à propos de l’époque, aux alentours du 1er avril 1999, lorsque la carte du Canada a été redessinée pour séparer le Nunavut de la moitié orientale des Territoires du Nord-Ouest.

« Mais nous ne savions pas vraiment de quoi il s’agissait. J’étais jeune à l’époque, mais il se passait quelque chose de spécial. »

M. Akeeagok vivait à Grise Fiord, était sergent dans le programme des rangers juniors canadiens et rêvait de servir sa communauté. Il pensait alors devenir chauffeur de camion-citerne.

« À l’époque, je n’avais évidemment aucune idée que je deviendrais premier ministre un jour », dit-il.

L’homme de 39 ans affirme que c’est à la fois une immense responsabilité et un privilège de continuer à guider le territoire vers la vision derrière la formation du Nunavut.

La création du Nunavut, qui signifie « notre terre » en inuktitut, faisait partie d’un règlement de revendications territoriales, le premier changement majeur apporté à la carte du Canada depuis que Terre-Neuve-et-Labrador a rejoint la Confédération en 1949. Il s’étend du 60e parallèle jusqu’à la côte nord de l’île d’Ellesmere, ce qui correspond à environ un cinquième de la masse terrestre du Canada.

Après plus d’une décennie de négociations, la Loi sur le Nunavut et la Loi concernant l’Accord sur les revendications territoriales du Nunavut ont reçu la sanction royale en 1993. Les résidants célèbrent la Journée du Nunavut chaque mois de juillet pour marquer l’adoption de la loi qui promettait un nouveau territoire et un gouvernement public.

« Nous forgeons un nouveau partenariat, un véritable partenariat », avait déclaré Brian Mulroney, alors premier ministre, lors d’une cérémonie de signature.

Solomon Awa se souvient qu’il chassait à Pond Inlet, une petite communauté du nord de l’île de Baffin, lorsque le territoire a vu le jour six ans plus tard. Une fois la chasse terminée, l’impact de ce qui se passait a commencé à se faire sentir.

Un quart de siècle plus tard, il est maire d’Iqaluit, la capitale du territoire. Beaucoup de choses ont changé depuis, indique M. Awa, notamment une croissance rapide.

« Cela continue de croître très vite », dit-il.

La population du Nunavut, composée d’environ 85 % d’Inuit, est en constante augmentation. Elle compte désormais plus de 40 000 personnes, contre moins de 30 000 en 1999.

Des opportunités et des défis à venir

Quatre mines actives fournissent des emplois importants, et M. Akeeagok affirme qu’ils envisagent d’exploiter d’autres ressources, notamment la pêche.

De nombreuses autres opportunités sont également attendues après que le territoire a signé un accord de transfert de responsabilités historique avec Ottawa plus tôt cette année. Il transférera au territoire les compétences sur les terres publiques, les eaux et les ressources non renouvelables.

Le frère de M. Awa, Simon, était le négociateur en chef du transfert des responsabilités au Nunavut. Le maire affirme que leur famille a fait face à de nombreuses difficultés, mais que leurs aînés ont toujours inculqué la sagesse qui a poussé nombre de ses frères et sœurs à servir la population du territoire.

Le travail des ancêtres du Nunavut et les progrès des 25 dernières années seront célébrés lundi avec des feux d’artifice, des divertissements et une vitrine culturelle. La gouverneure générale Mary Simon devrait être présente.

M. Akeeagok dit qu’il espère que cela inspirera de la fierté chez les jeunes Nunavummiut.

« Ce sont eux qui feront avancer notre territoire. »

Cet avenir ne va pas sans défis. Les deux dirigeants affirment voir une crise du logement sur le territoire.

Il existe depuis longtemps des problèmes de surpeuplement des logements sur le territoire, qui se sont aggravés avec la croissance démographique et l’arrivée de travailleurs pour des emplois. Un logement inadéquat est également lié à d’autres problèmes tels que de mauvais résultats scolaires et des problèmes de santé, notamment un risque accru de suicide.

« Lorsque vous vivez dans un logement surpeuplé, cela vous impacte vraiment, explique M. Akeeagok. Nous avons donc vraiment consacré nos plus gros investissements au logement. »

Alors que le jeune territoire marque cette étape importante, M. Akeeagok est convaincu que la détermination et l’esprit du Nunavut garantiront que les choses continueront de s’améliorer.