(Ottawa) La situation sécuritaire au Liban préoccupe le Canada, si bien que la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly, suggère aux milliers de Canadiens qui s’y trouvent de s’en aller pendant qu’il est temps. À Tel-Aviv comme à Ramallah, le personnel diplomatique non essentiel d’Ottawa a reçu la consigne de partir.

Les signes que le conflit entre Israël et le Hamas pourrait déborder au Liban se multiplient ; aussi la cheffe de la diplomatie a-t-elle invité lundi les Canadiens qui sont au pays à plier bagage.

« Les Canadiens qui se trouvent au Liban devraient envisager de quitter le pays tant que des vols commerciaux sont encore disponibles », a écrit Mélanie Joly sur X.

PHOTO ADRIAN WYLD, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Mélanie Joly

Le niveau d’alerte grimpe ainsi d’un cran, puisque la semaine dernière, les autorités fédérales se limitaient à déconseiller tout voyage non essentiel au pays du Cèdre.

La ministre Joly a eu un entretien, lundi, avec le premier ministre libanais, Najib Mikati, auprès de qui elle a « réitéré la nécessité d’une désescalade et l’importance de prévenir un conflit plus large dans la région ».

Selon la dernière mise à jour d’Affaires mondiales Canada, 14 644 personnes sont inscrites au registre des Canadiens au Liban.

Depuis le début de la guerre, le 7 octobre dernier, les affrontements à la frontière avec le Liban ont repris, ce qui fait craindre l’ouverture d’un nouveau front, avec une entrée dans le conflit du Hezbollah libanais.

Celui-ci entretient des liens étroits avec le Hamas, qui contrôle Gaza, et avec le Djihad islamique, une autre faction palestinienne soutenue par l’Iran.

Le transporteur aérien Swiss a annulé toutes ses liaisons vers Beyrouth jusqu’au 28 octobre « en raison de la situation au Proche-Orient et des tensions à la frontière entre Israël et le Liban ».

Ici, Air Canada n’offre pas de vols vers la capitale libanaise. La destination est offerte en correspondance sur des vols offerts par des partenaires, a-t-on précisé dans un courriel.

Première vague d’évacués de Cisjordanie

Si Ottawa devait se lancer dans une mission de rapatriement du Liban, elle serait d’une tout autre envergure que celle en cours pour Israël, la bande de Gaza et la Cisjordanie.

L’opération de rapatriement en Cisjordanie, d’ailleurs, s’est mise en branle. Des quelque 250 personnes qui se trouvaient en Cisjordanie, 21 sont arrivées en Jordanie à bord d’un autocar, lundi.

Du côté d’Israël, environ 1300 passagers ont décollé de Tel-Aviv à bord d’appareils militaires canadiens, à destination d’Athènes.

Des vols devraient avoir lieu au moins jusqu’au mercredi 18 octobre.

Le gouvernement canadien a par ailleurs ordonné aux membres du personnel diplomatique non essentiel et à leur famille de quitter l’ambassade de Tel-Aviv et le bureau de Ramallah.

Seul le personnel essentiel demeurera sur place, et ce, jusqu’à nouvel ordre.

La bande de Gaza toujours verrouillée

Le sort des quelque 300 Canadiens coincés dans la bande de Gaza reste quant à lui incertain.

Ceux-ci n’ont pu profiter de la fenêtre d’évacuation de quelques heures qui s’était ouverte samedi au poste frontalier de Rafah, qui mène vers l’Égypte.

Le gouvernement canadien tente de négocier un passage pour ses ressortissants et leurs proches.

Le premier ministre Justin Trudeau l’a signalé dans une allocution aux Communes, où les élus siégeaient pour la première fois depuis l’éclatement de la guerre.

Au premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, au président de l’Autorité palestinienne, Mahmoud Abbas, au roi Abdallah II de Jordanie, au président Abdel Fattah al-Sissi d’Égypte, entre autres interlocuteurs, il a transmis le même message.

« J’ai discuté avec eux de la libération des otages canadiens et de tous les otages, de la fourniture d’une assistance humanitaire, de l’aide à apporter aux Canadiens pour qu’ils soient en sécurité, ainsi que de la paix et de la stabilité dans la région », a-t-il déclaré devant les députés.

Lui et les autres chefs de parti qui ont ensuite pris la parole ont lancé un appel à l’unité. « Soutenons nos amis juifs et musulmans ici, dans ce pays, tandis qu’ils voient avec horreur et tristesse ce qui arrive à leurs proches à l’autre bout du monde », a notamment déclaré le chef conservateur Pierre Poilievre.

Bilan officiel inchangé

Si le bilan officiel des victimes est demeuré inchangé depuis dimanche, avec cinq victimes et trois personnes manquant à l’appel, le consulat général d’Israël à Toronto soutient qu’une sixième victime serait à déplorer. Il s’agirait de Judith Weinstein Haggai.

Selon le réseau CTV, qui s’est entretenu samedi dernier avec la fille de la victime, cette enseignante d’anglais à la retraite faisait une promenade en compagnie de son mari près du kibboutz Nir Oz lorsque des roquettes ont commencé à pleuvoir, et que les deux ont été grièvement blessés.

Avec l’Agence France-Presse

Nouvelle envoyée spéciale pour la lutte contre l’antisémitisme

Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé lundi la nomination d’une nouvelle envoyée spéciale pour la préservation de la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme. Il a arrêté son choix sur Deborah Lyons, qui a été ambassadrice du Canada en Israël de 2016 à 2020, pour un mandat qui sera d’une durée de deux ans. « Aujourd’hui, à la suite des attaques horribles contre Israël, nous réaffirmons notre solidarité avec les communautés juives du Canada », a déclaré le premier ministre dans un communiqué. « Nous devons tous affronter l’antisémitisme, la haine et l’intolérance sous toutes leurs formes afin de bâtir un avenir meilleur et plus sûr pour tous », a-t-il ajouté. Deborah Lyons remplace Irwin Cotler, qui a été le premier envoyé spécial du Canada pour la préservation de la mémoire de l’Holocauste et la lutte contre l’antisémitisme, poste qu’il a occupé de 2020 à 2023.