(Ottawa) Le bilan des victimes canadiennes des attaques menées par le Hamas en Israël s’est alourdi, avec trois morts, dont deux confirmées. Et sans vouloir confirmer que des Canadiens ont été capturés, Ottawa enverra une équipe d’experts pour contribuer à l’effort de libération d’otages, tout en menant de front l’effort de rapatriement de Canadiens coincés dans la région.

La ministre des Affaires étrangères du Canada, Mélanie Joly, a annoncé mercredi en conférence de presse que le conflit avait fait trois victimes canadiennes – deux confirmées et une présumée – et que trois autres personnes manquaient toujours à l’appel.

Elle n’a pas voulu confirmer s’il s’agissait d’otages « pour ne pas faire monter leur valeur et ne pas mettre leur vie en danger ». Mais Ottawa est en contact avec le négociateur en chef d’Israël, et une équipe d’experts d’ici sera dépêchée sur place pour soutenir les efforts de libération, a-t-elle affirmé.

Cette stratégie est la bonne, d’autant plus qu’on est en terrain inconnu, note Douglas Scott Proudfoot, ancien représentant du Canada auprès de l’Autorité palestinienne. Car si le Hamas a utilisé la prise d’otages comme façon d’obtenir la libération de détenus palestiniens, ces kidnappings massifs d’étrangers sont inédits.

« Dans le passé, le Hamas a capturé des soldats israéliens, mais une centaine de personnes ou plus, y compris des enfants et des civils, on n’a jamais vu ça », expose celui qui a été en poste à Ramallah de 2016 à 2019. La situation est donc « très, très risquée », s’inquiète l’ex-diplomate.

PHOTO SPENCER COLBY, ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Mélanie Joly

La ministre Joly a aussi refusé de se prononcer spécifiquement sur le siège total qui a été imposé par l’État hébreu à la bande de Gaza, se contentant d’affirmer que les deux parties devaient respecter le droit international, et en plaidant en faveur de l’établissement d’un corridor humanitaire dans la région.

« Le Canada condamne sans équivoque l’attaque terroriste du Hamas contre Israël. Nous soutenons Israël et son droit à se défendre conformément au droit international », a-t-elle déclaré en conférence de presse au parlement.

« Nous savons également que le Hamas n’est pas le peuple palestinien. Il ne représente pas leurs aspirations et n’offre rien d’autre que davantage de chaos, de pertes, et de chagrin », a ajouté la ministre, qui était accompagnée du chef d’état-major de la Défense nationale, Wayne Eyre.

Mission de sauvetage

Ce dernier contribuera à la logistique de l’opération de rapatriement, qui se mettra en branle d’ici la fin de la semaine. Il est prévu que des appareils militaires décollent de l’aéroport de Tel-Aviv pour se poser à Athènes. De là, le trajet vers le Canada sera assuré par Air Canada, en vertu d’une entente avec Ottawa.

La ministre Joly a fait valoir qu’il était inhabituel de procéder à une opération de sauvetage quand des vols commerciaux sont toujours disponibles. « Mais nous avons ressenti le besoin d’intervenir quand nous avons vu que les gens voyaient leurs vols vers le Canada annulés ou retardés indéfiniment », a-t-elle expliqué.

Lors d’une séance d’information technique, de hauts fonctionnaires fédéraux ont précisé que les premiers vols en partance de l’aéroport Ben Gurion pourraient survenir aussi tôt que jeudi soir, mais plus probablement vendredi. La portion du trajet entre la Grèce et le Canada sera aux frais des passagers.

Impénétrable Gaza

Il y a 4249 Canadiens inscrits au service d’enregistrement en Israël, et 476 pour les territoires palestiniens. De ce nombre, environ 70 se trouveraient à Gaza.

Et c’est pour ces derniers que la tâche risque d’être particulièrement ardue, craint Douglas Scott Proudfoot. « Il y avait déjà un blocus quasi total sur Gaza. C’était déjà très difficile, même en temps dit normal, d’avoir la permission des Israéliens pour y entrer ou en sortir », expose-t-il.

Les fonctionnaires fédéraux n’ont pas cherché à minimiser l’ampleur de la tâche. « Gaza est complètement encerclée. Israël ne laisse personne entrer ni sortir », a lâché l’un d’eux. Si les Nations unies ne parviennent pas à obtenir un couloir humanitaire, « nous n’avons pas d’option », a laissé tomber une autre.

Selon toute vraisemblance, l’État hébreu lancera sous peu une offensive terrestre contre Gaza.