L’évacuation de Yellowknife se déroule pacifiquement, mais la mairesse de la capitale des Territoires du Nord-Ouest aimerait que les choses aillent plus vite. Quelques retardataires doivent toujours faire leurs valises et se diriger vers le sud, tandis que le premier ministre Justin Trudeau est arrivé à Edmonton, en Alberta, pour faire le point sur les opérations.

« Il faut prendre la situation au sérieux. On n’a pas besoin de “justiciers” bénévoles qui restent sur place pour surveiller la ville pendant les incendies », a lancé la mairesse Rebecca Alty lors d’un point de presse, vendredi.

Malgré cet avertissement, Mme Alty a confirmé qu’il ne reste plus beaucoup de personnes dans la ville, à l’exception des équipes d’urgence, des pompiers forestiers et des policiers de la Gendarmerie royale du Canada (GRC).

« La GRC effectue de nombreuses patrouilles dans la ville, mais nous avons besoin que les derniers résidents qui sont encore chez eux partent », a-t-elle affirmé.

Vendredi, l’évacuation de la ville de 20 000 habitants s’est poursuivie. Certaines personnes ont été évacuées à bord d’avions commerciaux et d’appareils des Forces armées canadiennes, tandis que d’autres ont choisi de s’aventurer sur les routes.

PHOTO JENNIFER GAUTHIER, REUTERS

Des résidants de Yellowknife montent à bord d’autobus pour se rendre à l’aéroport de Yellowknife.

L’objectif était de mener une évacuation complète avant que les incendies de forêt, qui se trouvent actuellement à 15 kilomètres de la capitale territoriale, se déplacent et empêchent l’accès aux routes de la région.

L’ordre d’évacuation a été donné mercredi, ce qui, selon Mme Alty, était prudent compte tenu de l’évolution des brasiers et des vents.

« Évacuer toute la capitale, ce n’est pas facile ni rapide. S’il faut le faire, il faut prendre une décision plus tôt que tard », a-t-elle expliqué.

Saison difficile

En début de soirée, M. Trudeau est arrivé à Edmonton, où il a rencontré les différents intervenants qui organisent l’évacuation ainsi que des personnes qui ont dû tout laisser derrière elles pour se sauver des flammes.

« J’ai eu des moments pour m’asseoir avec des familles de Yellowknife qui ont eu tout un défi pour venir jusqu’ici en sécurité, mais elles reconnaissent la générosité des gens d’Edmonton, du gouvernement de l’Alberta et de la communauté qui est là pour les aider.

« C’est une communauté très très forte dans le nord, on le sait très bien, mais les gens vont continuer d’être là pour eux et nous, en tant que gouvernement, on va continuer d’être là pour eux aussi », a souligné M. Trudeau lors d’une brève déclaration devant les caméras des médias.

M. Trudeau a mentionné que le gouvernement fédéral contribue à sa façon aux opérations, notamment en matière de coordination et en déploiement des ressources.

Par ailleurs, lors de son allocution, le premier ministre a noté à quel point la saison des incendies de forêt de cet été est exceptionnelle.

« C’est un été extrêmement difficile pour les gens à travers le pays, avec des incendies de forêt et des phénomènes météorologiques extrêmes qui deviennent de plus en plus sévères. Des gens ont perdu énormément, des communautés ont été détruites par des feux à travers le pays », a rappelé M. Trudeau.

Il a toutefois salué la résilience des Canadiens.

« On va passer à travers cet été extrêmement difficile, on va apprendre, on va continuer de préparer nos communautés pour des évènements comme ça dans l’avenir et on va être là pour rebâtir et s’entraider les uns les autres », a-t-il conclu.

Ville « fantôme »

Une fois que la majorité de sa population a été évacuée, Yellowknife s’est donné des allures de ville fantôme.

« C’est une ville fantôme », a témoigné Kieron Testart, qui faisait du porte-à-porte dans les localités voisines de Dettah et NDilo par une matinée froide, enfumée et venteuse pour prévenir les gens.

« C’est en quelque sorte le jour J pour l’effort d’incendie. Si ça va mal tourner, ça va mal tourner aujourd’hui », a-t-il mentionné.

À Yellowknife, les stations-service – si elles avaient du carburant – fonctionnaient toujours vendredi matin. Une épicerie et une pharmacie sont restées ouvertes, tout comme un bar, où les travailleurs épuisés se rassemblaient à la fin de longs quarts de travail.

PHOTO BILL BRADEN, LA PRESSE CANADIENNE

À Yellowknife, les stations-service fonctionnaient toujours vendredi matin.

« C’est un peu comme avoir une pinte au bout du monde », a illustré M. Testart, décrivant l’opération d’évacuation comme étant « ordonnée ».

Des vols supplémentaires souhaités

Pendant ce temps, l’agent d’information sur les incendies Mike Westwick a indiqué que les travaux se poursuivaient sur le terrain pour lutter contre les flammes.

Au total, 11 avions-citernes sont en activité, tandis qu’un autre avion largue un ignifuge. Un coupe-feu de 10 kilomètres a été creusé, renforcé par 20 kilomètres de tuyaux et une pléthore de pompes. Il s’agit de « l’opération d’eau lourde la plus importante que nous ayons jamais vue sur le territoire », a témoigné M. Westwick.

Jeudi, en plus des vols commerciaux, environ 1500 personnes ont pu quitter la ville à bord de vols d’urgence. Les vols prévus vendredi devaient permettre à 1800 autres personnes de partir.

Le ministre fédéral des Transports, Pablo Rodriguez, a signalé lors d’une conférence de presse que le gouvernement travaillait avec toutes les compagnies aériennes pour ajouter des vols supplémentaires.

« Air Canada a ajouté plus de vols, WestJet, Canadian North… les Forces armées. Nous nous assurerons d’ajouter autant d’avions que possible en travaillant avec ces compagnies aériennes », a déclaré le ministre.

Le gouvernement fédéral transige également avec des avions privés pour soutenir l’effort militaire. Le ministre de la Protection civile, Harjit Sajjan, a indiqué qu’il ne pouvait pas dire combien de personnes avaient été évacuées en toute sécurité, mais que le processus se déroulait bien.

Les Forces armées canadiennes ont révélé qu’un avion Hercules avait transporté 79 personnes à Edmonton jeudi et que d’autres vols étaient prévus pour vendredi.

À Calgary, 1200 personnes évacuées sur 14 vols en provenance des Territoires du Nord-Ouest ont été accueillies, jeudi. Vingt-six autres vols étaient attendus vendredi, transportant environ 2300 personnes.

Sur le terrain, des convois réguliers et ordonnés de véhicules ont été observés sur la route principale pour sortir de Yellowknife. Ils se dirigeaient vers des centres d’évacuation situés dans diverses parties de l’Alberta.

Plusieurs autres communautés des Territoires du Nord-Ouest, dont la ville de Hay River, ont ordonné aux résidents de partir de chez eux plus tôt cette semaine.

On dénombre 236 incendies qui sont actifs sur le territoire.

Avec des informations de Jamin Mike à Peace River et de Bill Graveland à Calgary.