(Ottawa) Le Conseil du Trésor et l’Alliance de la fonction publique du Canada (AFPC) n’arrivent toujours pas à s’entendre à l’aube du septième jour de grève. Le syndicat a intensifié les moyens de pression lundi en bloquant le port de Montréal, mais il espère toujours en arriver à une entente.

« Le seul point commun que j’ai maintenant avec Mme Mona Fortier, c’est notre optimisme à régler ça rapidement », lance à la blague en entrevue Yvon Barrière, premier vice-président régional de l’AFPC pour le Québec.

Talonnée à la période des questions à la fois par les conservateurs et les néo-démocrates, la présidente du Conseil du Trésor a répondu que le gouvernement travaille « très fort et sans relâche » pour négocier de nouvelles conventions collectives « équitables, compétitives et raisonnables ».

Ce cycle de négociations a été lourd à porter. Le syndicat s’est présenté à la table des négociations avec 570 demandes, je suis fière de dire qu’il n’en reste qu’une poignée.

Mona Fortier, présidente du Conseil du Trésor

Le Conseil du Trésor a fait circuler une lettre lundi détaillant les quatre points toujours en litige : l’augmentation de salaire, l’inclusion du télétravail dans la convention collective, l’interdiction de recourir à la sous-traitance et le maintien de l’ancienneté comme critère pour conserver un poste en cas de coupes.

« Ils sont toujours revenus avec le 9 % pour trois ans, déplore M. Barrière. Et ils nous ont présenté ça avec un petit montant forfaitaire non pensionnable et imposable. » L’AFPC réclame 13,5 % pour les années 2021, 2022 et 2023 afin de rattraper l’inflation.

Quelques avancées

M. Barrière reconnaît qu’il y a eu quelques avancées sur la question du télétravail à la table des négociations. Le Conseil du Trésor accepte de revoir cette politique avec le syndicat, mais il refuse toujours de l’inclure dans la convention collective. « Si ça reste à l’extérieur, on va être encore pris avec du favoritisme où certains gestionnaires vont le gérer de la façon dont ils le veulent bien », explique M. Barrière.

En ce qui a trait à la sous-traitance, un problème qui a fait la manchette en raison des juteux contrats donnés à la firme de consultants McKinsey, le gouvernement s’est engagé à diminuer cette pratique, mais pas à l’éliminer.

« Nous espérons que tout le monde comprendra que la réduire à zéro compromettrait gravement la capacité du gouvernement à fournir des services à la population canadienne et à travailler pour elle », écrit le Conseil du Trésor dans sa lettre.

Le gouvernement voudrait également que le mérite ait préséance sur l’ancienneté pour déterminer qui pourrait conserver son poste en cas de coupes dans la fonction publique.

Services perturbés

Les grévistes ont bloqué les quatre entrées du port de Montréal lundi matin dans le but d’accentuer la pression. Ces perturbations ont seulement causé un ralentissement mineur, selon sa porte-parole Renée Larouche. L’AFPC dénonce l’embauche de briseurs de grève pour inspecter le grain à destination des marchés chinois et japonais, ce que nie la Commission canadienne des grains.

« Nous avons une quinzaine de gestionnaires qui continuent de faire les inspections », a précisé son porte-parole, Rémi Gosselin. Les entreprises qui exportent le grain doivent envoyer des échantillons composites représentatifs de leur cargaison et embaucheraient donc des inspecteurs privés pour le faire, notamment aux ports de Vancouver et de Montréal.

Le gouvernement Trudeau s’était engagé en campagne électorale à déposer un projet de loi anti-briseurs de grève qui s’appliquerait aux secteurs sous réglementation fédérale, ce qu’il n’a toujours pas fait. Il s’agit d’un des éléments de l’entente entre les libéraux et les néo-démocrates.

La grève ralentit plusieurs services gouvernementaux. Par exemple, les demandes de passeport ne sont pas traitées, à moins qu’elles soient urgentes ou humanitaires.

Contrairement à ce que le syndicat avait affirmé la semaine dernière, le traitement des déclarations de revenus n’est pas à l’arrêt.

« Je veux rassurer mes collègues pour leur dire que depuis 2015, c’est la meilleure saison des impôts que nous avons eue », a fini par répondre la ministre du Revenu national, Diane Lebouthillier, lors de la période des questions. Les conservateurs lui ont demandé à plusieurs reprises s’il allait y avoir du retard pour les remboursements d’impôts. « Quatre-vingt-quinze pour cent des gens produisent leur déclaration de façon électronique et il n’y a pas de retard dans les paiements », a-t-elle ajouté.

Le gouvernement avise toutefois les contribuables qu’il pourrait y avoir du retard dans le traitement des déclarations de revenus, particulièrement celles produites sur papier.