(Phnom Penh) Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé dimanche des investissements pour les opérations de déminage au Cambodge et au Laos.

Ces investissements totalisent 990 000 $. M. Trudeau en a fait l’annonce lors de la dernière journée du sommet de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (ANASE), au Cambodge.

Ce financement vise à appuyer les activités visant à éliminer les mines installées pendant les guerres civiles et les bombes américaines n’ayant pas explosé au cours des conflits dans cette région du monde.

« Quand les mines sont retirées d’un terrain, la population est plus en sécurité. Les enfants peuvent jouer. On peut cultiver cette terre ou l’exploiter », a déclaré M. Trudeau au terme d’une table ronde sur le rôle des femmes dans la paix et la sécurité.

Le Canada cherche à convaincre les pays de cette région de cesser de fabriquer et d’utiliser ce genre d’arme depuis plusieurs décennies. Il a subventionné les activités de déminage depuis les années 1990. La Convention d’Ottawa de 1997 qui visait à interdire l’emploi, le stockage, la production et le transfert des mines antipersonnel et sur leur destruction a été signée par de nombreux pays.

L’argent promis permettra de renforcer les capacités de déminage du Laos, grâce à l’établissement de normes exhaustives sur le déminage et au recrutement de personnel, ainsi qu’à la formation et à la supervision. Il contribuera aussi à financer des groupes de la société civile comme l’association Cambodia Self-Help Demining au Cambodge.

Bill Morse, un ancien soldat américain ayant combattu pendant la guerre du Vietnam qui a aidé à former ce groupe, dit que l’annonce de M. Trudeau va à l’encontre d’une croyance généralisée voulant que les mines ne soient plus un problème.

« L’engagement canadien à continuer de financer ces opérations au moment où tout le monde met fin à ses subventions est un pas dans la bonne direction », souligne-t-il.

Selon lui, le Cambodge pourrait avoir éliminé toutes les mines d’ici 2025 si les organisations locales ont assez de ressources.

M. Morse dit que les mines tuent environ 50 personnes par année au Cambodge, une grande amélioration par rapport aux années 1990 alors que les victimes se comptaient par milliers.

« Si 50 personnes étaient victimes des mines dans l’ensemble du Canada, nous enverrions tout l’argent disponible à l’Armée canadienne pour éliminer ces armes. »

Les mines sont utilisées encore de nos jours, comme c’est le cas présentement en Ukraine. Des groupes cambodgiens ont formé des Ukrainiens pour des opérations de déminage.

Selon M. Trudeau, voilà un « bel exemple des façons dont un pays peut se relever et apprendre du passé ».

Plus tôt, M. Trudeau avait rencontré le secrétaire général de l’ANASE, Dato Jock Hoi Lim, qui l’a félicité pour avoir fait de l’Asie du Sud-est le centre de la future stratégie canadienne pour la région indopacifique.

Il a aussi rencontré le président des Philippines Ferdinand Marcos fils.

Il s’est aussi rendu au musée du génocide de Tuol Sleng sur les crimes du régime des Khmers rouges, commis entre 1975 et 1979.

« Il faut se souvenir des capacités des êtres humains à faire le mal, à oublier ou ignorer la part d’humanité que nous avons tous », a déclaré M. Trudeau.

M. Trudeau a aussi dit que les abus commis contre la minorité ouïghoure par la Chine peuvent être assimilés à un génocide, mais ce sont les experts internationaux qui devront faire la distinction au terme des enquêtes en cours.

La Chambre des communes a adopté en octobre un rapport du comité permanent de la citoyenneté et de l’immigration affirmant que « les Ouïghours et les autres musulmans en Chine sont confrontés à un génocide permanent ». Les membres du conseil des ministres se sont abstenus lors du vote.

La visite de M. Trudeau au Cambodge, accompagnée de la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly et de la ministre du Commerce international Mary Ng, comprenait une annonce de 333 millions de projets liés à la stratégie indopacifique imminente.

Les libéraux ont quitté le sommet avec un engagement de l’ASANE d’élever le Canada en tant que partenaire stratégique, le plus haut niveau du bloc pour les pays en dehors de l’Asie du Sud-Est.

M. Trudeau se dirigera lundi vers l’Indonésie où il participera au sommet du G20.