(Londres) Le premier ministre canadien Justin Trudeau a refusé dimanche de rouvrir le débat constitutionnel sur la place de la monarchie britannique, dont le souverain est automatiquement le chef d’État du Canada.

« Pour moi, ce n’est pas une priorité. Ce n’est même pas quelque chose que je compte débattre », a déclaré le chef du gouvernement canadien dans un entretien à Radio-Canada réalisé à Londres, à la veille des funérailles de la reine Élisabeth II.

« Faire un changement aussi profond dans un système qui est parmi les meilleurs, les plus stables dans le monde, pour moi, maintenant, ce n’est pas une bonne idée », a tranché M. Trudeau, évoquant « un moment complexe et compliqué ».

Ancienne colonie britannique devenue indépendante en 1867, le Canada est une monarchie constitutionnelle ayant le souverain du Royaume-Uni pour chef d’État. Charles III est donc désormais officiellement « roi du Canada ».

Avec le décès d’Élisabeth II, le débat sur la place de la monarchie a été relancé. Selon un sondage Ipsos réalisé pour Global News, 58 % des Canadiens souhaitent la tenue d’un référendum sur le maintien ou non de la Couronne.  

Il s’agit d’une hausse de cinq points en un an, selon ce sondage publié vendredi qui révèle en outre que seulement 44 % des Canadiens disent avoir une opinion favorable de Charles III.

Au parlement fédéral, les indépendantistes québécois ont récemment redemandé de rompre les liens avec la Couronne, tandis que l’opposition de gauche du NPD, sans en faire une priorité, souhaite l’abolition de la monarchie.

Pour M. Trudeau toutefois, la monarchie constitutionnelle assure une « stabilité remarquable » pour notre époque. « C’est tellement un système qui fonctionne, à une ère où on voit nos institutions démocratiques et nos démocraties à travers le monde s’effriter un petit peu », a fait valoir M. Trudeau qui s’est entretenu avec le roi Charles III samedi.

« On en a vécu, des débats constitutionnels. Changer notre système de gouvernement, à n’importe quel moment, c’est difficile », a souligné le premier ministre canadien, en faisant notamment allusion aux deux référendums sur l’indépendance du Québec (1980 et 1995).

Lui-même fils de premier ministre canadien, M. Trudeau a rencontré Élisabeth II à plusieurs reprises depuis son enfance. Il a confié après son décès, les larmes aux yeux, que la souveraine « était l’une de (s)es personnes préférées au monde » et que ses conseils allaient lui « manquer énormément ».