(Ottawa) Le Canada a sanctionné une femme russe qui, selon le cabinet de la ministre des Affaires étrangères, est l’architecte d’un stratagème visant à enlever des enfants ukrainiens et à faciliter leur adoption dans des foyers russes.

Le gouvernement fédéral a imposé des sanctions à Maria Lvova-Belova, commissaire russe aux droits de l’enfant, accusée par l’Ukraine d’avoir organisé le déplacement d’enfants des régions de Louhansk et de Donetsk.

Cette décision vise à « l’isoler et à la tenir responsable de ses crimes », a indiqué Adrien Blanchard, porte-parole de la ministre des Affaires étrangères, Mélanie Joly.

« Elle deviendra un paria mondial. »

Yulia Kovaliv, l’ambassadrice ukrainienne au Canada, a déclaré plus tôt cette semaine dans une entrevue que son pays s’efforçait de récupérer les enfants enlevés par la Russie.

Les enlèvements d’enfants font partie des 28 000 crimes de guerre présumés qui font l’objet d’une enquête par l’Ukraine, avec l’aide d’enquêteurs canadiens.

Des milliers d’enfants ont été transportés en Russie depuis les républiques autoproclamées de Donetsk et Louhansk, y compris depuis des orphelinats.

Moscou a affirmé que la plupart d’entre eux étaient russophones.

Adrien Blanchard affirme que cibler les enfants — dans de nombreux cas il s’agit d’orphelins — est diabolique et ne peut rester impuni. Il indique que Mme Lvova-Belova est l’architecte du système qui a infligé des souffrances à des milliers d’enfants et de familles ukrainiens.

« Le Canada continuera de diriger les efforts internationaux pour tenir la Russie responsable de ces atrocités, a-t-il déclaré. Nous avons été l’un des premiers pays à soutenir l’Ukraine dans son affaire devant la Cour internationale de justice contre la Russie.

Le Royaume-Uni a également sanctionné Mme Lvova-Belova, signifiant son opposition au programme de retrait d’enfants que la Russie a mis en place depuis l’invasion de l’Ukraine.

Mercredi, l’Ukraine a célébré son Jour de l’indépendance avec une série d’évènements à travers le Canada, marquant 31 ans d’indépendance du contrôle russe.

Lors d’une vente aux enchères à Toronto pour amasser des fonds pour des ambulances et des véhicules d’évacuation, organisée par Mme Kovaliv, un morceau d’un missile russe tombé sur une base d’entraînement ukrainienne près de la frontière polonaise a rapporté 5000 $.

Quelques semaines seulement avant que le missile ne tombe en mars, tuant 43 soldats, les Canadiens y formaient des troupes ukrainiennes.

Avant de prendre son poste à Ottawa en avril, Mme Kovaliv a saisi le morceau d’éclat d’obus pour le rapporter au Canada.

Celui qui a remporté le fragment de missile est le PDG de la société Roshel, Roman Shimonov, choisi par le gouvernement canadien en avril pour fournir huit véhicules blindés de transport de troupes à l’Ukraine.

M. Shimonov, qui faisait partie des Canadiens récemment sanctionnés par la Russie, a misé 3000 $ et a ajouté 2000 $ supplémentaires.

« Cela a une très grande portée symbolique, a-t-il déclaré. Nous avons acheté cet article […] pour leur permettre d’acheter les ambulances. »

Il a déclaré dans une entrevue qu’il exposerait le morceau de missile russe dans une vitrine au siège social de son entreprise à Mississauga, en Ontario.