Les manifestations liées au « convoi de la liberté » l’hiver dernier à Ottawa et en Alberta ont coûté au moins 14 millions de dollars au gouvernement fédéral, révèlent des documents obtenus par La Presse.

Une facture détaillée de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), obtenue en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, révèle que le blocus de camionneurs au poste frontalier de Coutts, en Alberta, a coûté près de 6 millions jusqu’à présent.

Le salaire de base et les heures supplémentaires des policiers constituent les frais les plus importants de cette facture, soit environ 4,7 millions.

À cela s’ajoutent près de 1 million de dollars en frais de déplacement. Du 29 janvier au 15 février dernier, des camionneurs ont bloqué le poste frontalier canado-américain de la ville de Coutts, dans le sud de l’Alberta, pour protester contre la vaccination obligatoire des camionneurs transfrontaliers — et plus largement contre toutes les restrictions sanitaires liées à la COVID-19.

Les factures s’additionnent à Ottawa

Du côté de la capitale fédérale, la GRC a notamment déboursé plus de 1,6 million entre le 23 janvier et le 1er mars, alors que le convoi de la liberté à Ottawa, selon un document en anglais lui aussi obtenu en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.

Cette somme représente les coûts pour les heures supplémentaires et les frais de déplacement, y compris les repas et l’hébergement, traités par le système financier de la GRC.

Rappelons qu’en janvier et février derniers, les rues du centre-ville d’Ottawa ont été bloquées pendant des semaines, alors que des milliers de personnes convergeaient vers la colline du Parlement pour réclamer le retrait des mesures sanitaires et manifester contre le gouvernement fédéral.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Convoi de la liberté en février, à Ottawa

La police a finalement réussi à faire partir les manifestants et à remorquer les camions et autres véhicules qui obstruaient les principales artères du centre-ville.

Une grande partie de la facture est attribuable aux frais de déplacement, qui atteignent 1 606 175 $, le reste étant notamment lié aux frais d’hébergement (13 000 $) et de repas (6720 $).

Aucune autre information n’est fournie. Les dépenses divulguées par le corps policier ne comprennent pas les salaires de base et les « coûts indirects, y compris ceux liés aux unités de soutien ».

De plus, la GRC a déboursé au moins 3,5 millions de dollars en frais connexes en janvier et février, durant la manifestation à Ottawa.

Selon une base de données accessible au public, on peut recenser 24 contrats gouvernementaux accordés à différents services de traiteur, d’hébergement, de transport et de location de tentes et d’aéronefs.

PHOTO SARAH MONGEAU-BIRKETT, ARCHIVES LA PRESSE

Manifestation des camionneurs en février, à Ottawa

Ces sommes déboursées par le gouvernement fédéral pour gérer les manifestations ayant ébranlé le Canada l’hiver dernier viennent s’ajouter à celles engagées par la Ville d’Ottawa.

Les manifestations des convois de camions de 2022 ont interrompu les travaux sur les sites de l’édifice du Centre et du Centre d’accueil des visiteurs du Parlement du 28 janvier au 21 février, peut-on lire dans une note de Travaux publics et Services gouvernementaux Canada (TPSGC) publiée en juin. Les coûts associés à ce retard « sont estimés à trois millions de dollars ».

En juin dernier, la capitale fédérale dévoilait une estimation des coûts de la manifestation des camionneurs, qui seraient de l’ordre de 37 millions de dollars. Dans ce rapport, les responsables de la Ville admettaient avoir du mal à recouvrer les sommes dues en vertu des milliers de constats d’infraction au stationnement liés à la manifestation.

Avec la collaboration de William Leclerc, La Presse