(Ottawa) Le gouvernement fédéral prévoit égaler les dons faits par des particuliers à la Croix-Rouge canadienne pour aider à apporter une aide humanitaire à l’Ukraine, a appris La Presse Canadienne.

La campagne, qui doit commencer vendredi et se poursuivre jusqu’au 18 mars, verra le gouvernement égaler les dons des Canadiens dollar pour dollar jusqu’à un maximum de 10 millions, a déclaré un haut fonctionnaire du gouvernement qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat pour discuter de questions non encore publiques.

Le ministre du Développement international, Harjit Sajjan, s’est entretenu jeudi avec son homologue américaine, Samantha Power, pour discuter de la coopération pour soutenir les Ukrainiens, a déclaré vendredi une porte-parole de l’Agence américaine pour le développement international (USAID).

Mme Power a dit à M. Sajjan que les États-Unis déployaient leur équipe d’intervention en cas de catastrophe, ou DART, dans la région, a indiqué la porte-parole Rebecca Chalif.

Mme Power a également souligné à M. Sajjan que l’USAID a modifié son programme de développement « pour intensifier les réponses aux cyberattaques, à la désinformation, aux menaces contre le secteur de l’énergie, aux besoins sanitaires essentiels et au fonctionnement continu des entités gouvernementales locales et nationales », a déclaré Mme Chalif dans un communiqué.

M. Sajjan devait se joindre à la vice-première ministre Chrystia Freeland, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly et d’autres ministres pour un breffage vendredi à midi, mais celui-ci a été reporté en raison de l’évolution rapide de la situation en Ukraine.

Les forces russes avançaient vendredi vers la capitale Kiev, après avoir envahi le pays la veille lors d’une attaque en trois volets comprenant des forces terrestres, des bombardements aériens et un assaut maritime depuis la mer d’Azov.

Le président-directeur général de Save the Children Canada a également exhorté les Canadiens à donner des fonds dans le cadre d’un appel mondial de 19 millions US pour aider les efforts humanitaires sur le terrain tandis que les combats se poursuivaient à travers l’Ukraine.

Danny Glenwright a déclaré qu’au moins trois enfants ont été tués lors de l’invasion russe de l’Ukraine et appelle les deux parties à cesser leurs combats.

« Nous pouvons certainement soutenir les gens en Ukraine en ce moment. Nous ne devons pas détourner le regard de ce que nous voyons », a déclaré M. Glenwright dans une entrevue.

« Nous savons que toute guerre est une guerre contre les enfants », a-t-il ajouté.

M. Glenwright a déclaré que son organisation a confirmé la mort de deux enfants dans des bombardements dans l’est de l’Ukraine, tandis qu’un garçon de 17 ans a été tué lors d’une attaque contre un village de la région sud du pays. Mais il a ajouté que le nombre de morts d’enfants est probablement plus élevé.

Le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme a déclaré que ses employés avaient constaté 25 morts parmi les civils et 102 blessés, principalement en raison des bombardements et des frappes aériennes.

Save the Children a également déclaré que deux enseignants auraient été tués lorsqu’un missile a frappé une école dans l’est de l’Ukraine.

Le Canada s’est joint à ses alliés jeudi pour répondre à l’invasion de l’Ukraine par la Russie avec un déluge de nouvelles sanctions visant l’économie russe et ses dirigeants qui, espéraient-ils, éviteraient une guerre totale.

Faire plus que le gel des avoirs

Mais il y a eu des appels à des sanctions plus sévères, notamment pour interdire à la Russie l’accès au système bancaire international connu sous le nom de SWIFT, un réseau de paiement et de messagerie numérique qui relie des milliers de banques dans le monde.

La sénatrice canadienne indépendante Ratna Omidvar a déclaré que « l’intérêt personnel » de certains pays européens empêchait toute action coordonnée sur SWIFT, car certains sont trop économiquement dépendants de la Russie, y compris pour l’énergie.

Mme Omidvar a présenté un projet de loi au Sénat qui appelle non seulement au gel des avoirs, ce qui est la pratique courante des régimes de sanctions internationales, mais aussi à ce qu’ils soient saisis et réutilisés pour aider les victimes de conflits violents et de violations des droits.

Avec des dizaines de milliers, sinon plus, de réfugiés qui devraient fuir l’Ukraine vers l’Europe, a-t-elle déclaré, « ces personnes auront besoin d’un abri, elles auront besoin de médicaments, elles auront besoin de nourriture. Et d’où viendra l’argent pour cela ? Nous savons que l’ONU est déjà surchargée. »

La mesure proposée par Mme Omidvar serait similaire aux pouvoirs exécutifs du président américain pour saisir et réaffecter les fonds des dictateurs et de leurs partisans. Mais contrairement à l’autorité exécutive américaine qui donne ce pouvoir au président, Mme Omidvar a indiqué que sa législation laisserait cette décision entre les mains des juges de la Cour supérieure.

« Le contexte ukrainien témoigne de la nécessité non seulement de sanctions, mais de sanctions plus tranchantes et plus mordantes », a-t-elle déclaré.

« Premièrement, cela apportera un soulagement à l’Ukraine et au peuple ukrainien. Et deuxièmement, cela fera du tort aux oligarques, car cela signifiera une confiscation permanente de leurs avoirs au lieu de simplement les geler, a-t-elle déclaré. Ces oligarques ont tellement d’argent qu’ils peuvent se permettre d’attendre. »