(Ottawa) Le gouvernement fédéral met désormais en garde contre tout voyage en Ukraine et exhorte tous les Canadiens actuellement dans ce pays à partir dès maintenant, alors que s’intensifient les inquiétudes concernant un conflit armé avec la Russie.

Le mois dernier, Affaires mondiales Canada avait mis en garde uniquement contre les « voyages non essentiels » en Ukraine, mais Ottawa a intensifié son avertissement lundi soir. « Si vous êtes en Ukraine, vous devriez partir en utilisant les options commerciales présentement disponibles », recommande le gouvernement canadien.

Les relations entre la Russie et l’Occident n’ont pas été aussi tendues depuis des années, après le déploiement récent de plus de 100 000 soldats russes à la frontière ukrainienne.

Les pourparlers entre Moscou et les États-Unis, l’OTAN et d’autres alliés canadiens se sont jusqu’à présent avérés infructueux, ce qui fait craindre un nouveau conflit armé en sol européen.

Emmanuel Macron a déclaré mardi que le président russe Vladimir Poutine lui avait dit la veille qu’il n’aggraverait pas davantage la crise ukrainienne, lors des cinq heures de pourparlers au Kremlin.

Les remarques du président français, lors d’une visite à Kiev mardi, sont intervenues après que le Kremlin a démenti les informations selon lesquelles MM. Marcon et Poutine auraient conclu lundi un accord sur la désescalade de la crise. Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a déclaré que « dans cette situation, il est impossible pour Moscou et Paris de parvenir à un accord ».

Expansion de l’OTAN

Le Kremlin souhaite obtenir des garanties de l’Occident que l’Organisation du traité de l’Atlantique Nord (OTAN) n’acceptera pas l’Ukraine et d’autres anciennes nations soviétiques comme membres de l’alliance militaire, qu’elle arrêtera les déploiements d’armes là-bas et retirera ses forces d’Europe de l’Est. Les États-Unis et l’OTAN ont rejeté d’emblée ces demandes.

M. Poutine a réitéré lundi son opposition à l’expansion continue de l’OTAN, principalement vers l’Ukraine, mais il a signalé sa volonté de poursuivre le dialogue.

Alors que se poursuivent les initiatives diplomatiques, la Russie a maintenu sa pression militaire, tandis que les alliés de l’OTAN ont déployé des troupes et travaillé sur de nouveaux plans pour une présence à plus long terme en Europe de l’Est — moins pour défendre l’Ukraine que pour dissuader Moscou.

Les alliés de l’OTAN discutent actuellement de plans pour déployer dans la région des bataillons en Slovaquie, en Hongrie, en Bulgarie et en Roumanie.

Aucune décision de déplacement n’a encore été prise, mais cela pourrait ressembler à la présence de l’OTAN en Estonie, en Lettonie, en Lituanie et en Pologne, où 5000 soldats sont déployés dans le cadre d’une mission depuis 2016.

Le Canada compte environ 600 soldats à la tête d’un groupement tactique de l’OTAN en Lettonie, chargé de se défendre contre toute attaque russe depuis 2017. Le Canada compte également environ 200 spécialistes de la formation militaire en Ukraine.

Le premier ministre Justin Trudeau a annoncé la semaine dernière que le Canada prolongeait sa mission de formation en Ukraine pour trois autres années et ajouterait 60 autres formateurs, dans le cadre d’une aide militaire comprenant des lunettes de vision nocturne et des gilets blindés.

Ottawa n’a pas encore répondu aux appels lettons pour des renforts du Canada et d’autres alliés de l’OTAN.

Alors que la ministre de la Défense, Anita Anand, a parlé de renforcer le soutien du Canada en Europe de l’Est, le gouvernement n’a pas précisé si on envisageait de déployer davantage de militaires.

« À l’heure actuelle, nous envisageons des options pour nous renforcer en Europe de l’Est, a déclaré Mme Anand à La Presse Canadienne la semaine dernière. Nous travaillons avec nos alliés et coordonnons nos efforts au sein de l’Alliance. »