(Ottawa) Des excuses officielles pour l’internement de Canadiens d’origine italienne pendant la Seconde Guerre mondiale ont été présentées jeudi matin, aux Communes.

C’est le premier ministre Justin Trudeau qui a prononcé le premier discours, suivi de représentants de tous les partis politiques.

« Il est temps de faire amende honorable », a déclaré M. Trudeau avant de présenter ses excuses en français, en anglais, et en italien.

« Diamo scusa », a-t-il offert.

« À tous ceux qui ont été touchés par ce chapitre de notre histoire, nous sommes désolés. Votre famille et votre communauté ne méritaient pas cette injustice », a-t-il dit.

Après que l’Italie eut déclaré la guerre au Canada en 1940, le Canada a interné plus de 600 personnes d’origine italienne et déclaré environ 31 000 d’entre elles comme ennemies de l’État.

Le premier ministre a entamé son discours d’excuses en racontant une intervention policière à l’été de 1940, sur la rue Dante, à Montréal, en pleine noce.

Giuseppe Visocchi a été arrêté là.

« Il faudra deux ans pour que Giuseppe rentre chez lui », a relaté M. Trudeau. L’homme a été détenu dans un camp à Petawawa, en Ontario.

« Des réputations ont été ruinées. Des entreprises ont été démantelées. Des familles se sont retrouvées sans moyens de subsistance », a rappelé le premier ministre.

« La politique d’internement était injuste », a-t-il dit.

« La façon dont le gouvernement a traité les Italo-Canadiens était inacceptable, et ce traitement a causé de réels préjudices », a-t-il ajouté.

« Ces conséquences ont aussi laissé des blessures profondes dans les communautés italo-canadiennes du pays. Certaines familles ont changé de nom pour cacher leur honte liée à cet épisode », s’est désolé le chef conservateur Erin O’Toole lorsqu’il a pris la parole, à son tour.

« Le Canada doit corriger les erreurs du passé pour que nous construisions un avenir plus juste pour tous », a réclamé le chef néo-démocrate Jagmeet Singh, après avoir qualifié cet épisode de « chapitre sombre » de l’histoire canadienne.

Tous ont pris la peine de rappeler l’apport de cette communauté issue de l’immigration.

« Dénoncer leur traitement injuste par le gouvernement est une étape essentielle pour reconnaître leur contribution à notre société », a souligné la députée Marie-Hélène Gaudreau qui a parlé au nom du Bloc québécois.

« Ces excuses ont été attendues très longtemps », a rappelé Elizabeth May qui s’exprimait au nom du Parti vert.

Son discours a été le dernier et le président de la Chambre des communes s’est essuyé les yeux, avant de diriger la suite des travaux parlementaires.

Anthony Rota est le premier Canadien d’origine italienne à occuper le siège du président de la Chambre.

« Il va falloir que je vérifie quelles sont les sanctions imposées lorsqu’on fait pleurer le président », a dit M. Rota, souriant entre ses larmes.

Réaction

Les groupes représentant la communauté italo-canadienne ont accepté « gracieusement ces excuses officielles du premier ministre du Canada Justin Trudeau et du gouvernement du Canada ».

Le Congrès national des Italo-Canadiens a émis un communiqué en son nom, ainsi qu’aux noms de l’Ordre des fils et filles d’Italie et de la Fédération nationale des associations de gens d’affaires et professionnels italo-canadiens.

« La communauté italo-canadienne souhaite maintenant entamer la démarche visant à assurer que ces évènements soient connus de tous les Canadiens pour des générations à venir, afin que jamais ils ne se reproduisent », peut-on aussi lire dans le communiqué.