(Ottawa) Le gouvernement fédéral est de plus en plus interrogé sur les raisons qui l’ont poussé à révoquer l’homme qui supervisait le déploiement des vaccins au Canada.

D’autres souhaitent savoir qui remplacera le major-général Dany Fortin

Dans un bref communiqué de trois lignes, le ministère de la Défense nationale a annoncé vendredi soir que l’officier supérieur avait quitté son poste à l’Agence de la santé publique du Canada, « en attendant les résultats d’une enquête militaire ».

Le gouvernement libéral, le cabinet du premier ministre Justin Trudeau et le ministère de la Défense ont refusé de dire si cette enquête portait sur des allégations d’inconduite sexuelle, la façon dont était menée le déploiement des vaccins ou autre chose.

Le gouvernement a également refusé de dire quand les responsables ont pris connaissance de l’enquête et si des vérifications au sujet du général avaient été menées avant sa nomination.

Ottawa n’a toujours pas indiqué le nom du successeur du général Fortin.

Selon des experts, ce silence ajoute à la frustration déjà existante au sujet du manque de transparence régnant au sein de l’armée et ministère de la Défense. La décision soulève aussi des inquiétudes quant à la campagne de vaccination dans l’ensemble du pays.

« Il y a beaucoup de spéculations sur ce qui se passe, dit Charlotte Duval-Lantoine, une experte de l’Institut canadien des affaires mondiales. Dany Fortin a eu une influence sur la vie quotidienne des Canadiens parce qu’il était responsable du déploiement du vaccin. Le ministère de la Défense nationale, du moins à mon avis, a une obligation supplémentaire de nous dire ce qui se passe. »

Personne ne s’attend à ce que le ministère de la Défense et le gouvernement révèlent les détails d’une quelconque allégation, convient-elle. Mme Duval-Lantoine fait valoir qu’un manque de transparence saperait davantage la confiance déjà fragile envers l’armée.

« Il ne fait aucun doute que ce type de secret va porter un coup supplémentaire à la légitimité du système de justice militaire et à la façon dont l’armée se réglemente », dit-elle.

Penny Collenette, une professeure de droit de l’Université d’Ottawa, fait écho à certaines de ces préoccupations.

« C’est une énorme opération que nous menons, probablement l’une des plus importantes de tous les temps, dit-elle au sujet de la campagne de vaccination. Nous ne savons pas quelle est l’allégation. Nous sommes tous bien embêtés. C’est un vide d’information qui m’est inexplicable. »

Le porte-parole conservateur en matière de défense, James Bezan, a exhorté dimanche le gouvernement à commencer à répondre aux questions.

« Justin Trudeau doit être transparent avec les Canadiens. Les Canadiens doivent avoir confiance en nos forces armées, et cela commence quand le gouvernement leur fournit des informations. »

Mme Collenette a également remis en question le silence continu du gouvernement sur la question du successeur du général Fortin.

Même si le gouvernement a insisté sur le fait que la campagne de vaccination ne sera pas affectée par le départ de l’officier, Mme Collenette s’inquiète pour la collaboration entre Ottawa et les provinces pour faire vacciner les Canadiens.

« Il semble très étrange qu’il n’y ait pas personne pour dire qu’il n’y aura pas de problème parce qu’un intérimaire ou le commandant en second prendra le relais, avance-t-elle. Ce serait quelque chose qui donnerait aux citoyens une certaine sécurité et une certaine certitude. »