(Ottawa) Le commandant de l’Aviation royale canadienne fait état de progrès dans sa lutte de longue date pour recruter et retenir suffisamment de pilotes pour faire voler les avions et les hélicoptères de l’armée.

Pourtant, le lieutenant-général Al Meinzinger affirme qu’il n’est pas clair dans quelle mesure le ralentissement des embauches par les compagnies aériennes commerciales pendant la pandémie a aidé sa cause. Et il admet avoir des inquiétudes quant au fait que certains des gains de l’armée de l’air pourraient être temporaires si les compagnies aériennes recommençaient à embaucher dans les rangs de l’armée.

« Les efforts que nous avons déployés pour la rétention au sens large, et également ceux spécifiques aux pilotes, ont aidé », a déclaré le lieutenant-général en entrevue.

« Je suis aussi réaliste. Je reconnais que le secteur de l’aviation commerciale a beaucoup souffert pendant la pandémie. […] Je suis optimiste, nous assisterons à un fort rebond dans le secteur commercial, mais cela engendrera également à nouveau des pressions. »

La Presse Canadienne a été le premier média à signaler en 2018 que l’armée de l’air faisait face à une grave pénurie de pilotes, qui a depuis été identifiée comme un problème important par les responsables militaires et les experts externes tels que le vérificateur général fédéral.

Alors que l’armée de l’air est censée compter environ 1500 pilotes, le lieutenant-général Meinzinger a déclaré qu’il lui en manquait actuellement environ 90. Cela représente un progrès significatif par rapport au mois de mai, alors qu’il en manquait 130.

Bien qu’aucun facteur ou initiative ne soit l’unique responsable, M. Meinzinger a soutenu que plusieurs nouvelles mesures de rétention et de recrutement déployées au cours des deux dernières années ont aidé à résoudre le problème, notamment de nouveaux efforts de formation et une hausse salariale.

L’armée de l’air a également mis en place un meilleur soutien aux familles des militaires, accru la certitude des pilotes en termes de progression de carrière et fait un effort concerté pour garder les pilotes dans le cockpit et à l’écart des bureaux et des tâches administratives.

Le lieutenant-général Meinzinger a malgré cela aussi reconnu que les difficultés vécues par les compagnies aériennes commerciales pendant la pandémie l’ont également aidé en réduisant les besoins en pilotes du secteur civil.

Alors que de nombreux pilotes militaires expérimentés ont déjà raccroché leurs uniformes de l’armée de l’air pour piloter des avions commerciaux dans le passé, l’industrie du transport aérien a été frappée par des restrictions de voyage et d’autres facteurs pendant la pandémie.

« Nous devrons simplement continuer à gérer cela, a déclaré M. Meinzinger à propos d’une résurgence de la demande de pilotes du secteur commercial. Mais je pense que nous sommes dans une meilleure position aujourd’hui qu’il y a deux ans. »

Le lieutenant-général Meinzinger a déjà expliqué comment une pénurie de pilotes expérimentés forçait l’armée de l’air à franchir une ligne délicate entre garder suffisamment de pilotes chevronnés disponibles pour former de nouvelles recrues et diriger des missions dans les airs.

La résolution des problèmes créés par la pénurie deviendra particulièrement critique si l’armée de l’air veut être prête à accueillir les remplaçants des CF-18. La liste des remplaçants potentiels a récemment été réduite à deux avions de combat potentiels : le F-35 et le Saab Gripen.

Pendant ce temps, pour mieux s’assurer que l’armée dispose de suffisamment de pilotes à moyen et long terme, l’armée de l’air a récemment modifié la durée pendant laquelle les nouveaux pilotes revêtent l’uniforme. Les pilotes devaient auparavant rester sept ans, mais ce nombre est maintenant de dix.

« Compte tenu des investissements que nous faisons dans la formation, c’est un investissement très important, a-t-il déclaré. Nous pensons donc qu’une période de service obligatoire de dix ans est beaucoup plus logique et est en fait très cohérente avec nos alliés. »

L’armée de l’air a en fait indiqué avoir besoin de 275 pilotes en septembre 2018, mais a pu réduire ce nombre extrêmement rapidement grâce à une réorganisation qui a vu un certain nombre de postes de planification et de soutien — des postes de bureau — auparavant occupés par des pilotes transférés à des personnes qui n’en sont pas.

Les fonctionnaires n’ont toutefois pas encore pourvu tous ces postes. Alors que l’armée de l’air vise à avoir plus de 190 soi-disant « officiers des opérations aériennes » pour planifier et coordonner les missions plutôt que de les piloter, elle n’en compte actuellement que 29. Quarante-sept autres sont en formation ou en attente de formation.