(Halifax) L’étendue et le coût des réparations du logiciel dont le mauvais fonctionnement avait provoqué l’écrasement d’un hélicoptère maritime des Forces armées canadiennes ayant coûté la vie à ses six membres d’équipage ne seront pas connus avant le printemps.

Un porte-parole du ministère de la Défense nationale a indiqué dans un récent courriel que le processus était en cours, mais il faudra attendre la fin de l’examen par Sikorsky, le fabricant du Cyclone CH-148, avant d’évaluer les coûts et de déterminer un échéancier.

Deux enquêtes militaires ont déterminé que c’est un problème logiciel qui a joué un rôle majeur dans l’accident mortel d’un hélicoptère Cyclone au large des côtes grecques, l’année dernière.

Des experts avaient déclaré en juillet à La Presse Canadienne que ce problème de logiciel défectueux était urgent à régler. Ils ont exprimé des inquiétudes sur la possibilité d’autres accidents mortels comme celui de 2020.

En attendant, la flotte de Cyclone de l’Aviation royale canadienne est confrontée à d’autres ennuis. Des fissures ont été récemment découvertes à la queue de la majorité des appareils. Quelque 19 hélicoptères doivent être réparés.

Deux phases

Un rapport sur la sécurité des vols énumérait plusieurs recommandations, notamment la nécessité de modifier le logiciel de commande de vol.

Andrew McKelvey, un porte-parole de la Défense nationale, a indiqué que les réparations nécessiteront deux phases.

« La première phase est de déterminer l’étendue des modifications à apporter pour suivre les recommandations du rapport. Celle-ci sera terminée au printemps 2022 », a-t-il écrit à La Presse Canadienne.

L’échéancier de la seconde phase dépendra de l’étendue des réparations à faire.

Selon des experts consultés par La Presse Canadienne, la solution ne consistera pas uniquement à modifier la formation des pilotes ou à limiter les manœuvres permises.

Mary Cummings, de l’Université Duke, a dit que l’incapacité du pilote à reprendre le contrôle de l’appareil du logiciel est « un problème très sérieux qui doit être réglé immédiatement ».

Un porte-parole de Sikorsky, John Dorrian, a dit que l’entreprise travaillait de concert avec l’Aviation royale canadienne pour « déterminer les améliorations à apporter au système de contrôle de vol du CH-148 ».

M. Dorrian a prévenu que ce processus pourrait permettre de nouvelles constatations nécessitant d’autres modifications.

Les Cyclone sont généralement déployés à bord de frégates canadiennes et utilisés pour la recherche et le sauvetage, la surveillance et la guerre anti-sous-marine.

Greg Jamieson, de l’Université de Toronto, croit qu’une période d’un an pour déterminer l’étendue des modifications à apporter à un système de contrôle de vol relativement nouveau « est un délai raisonnable ».

« Si l’étendue des modifications est grande, cela pourrait remettre en question tout le processus de certification de ces appareils, surtout on avait jugé que le comportement biaisé du pilotage automatique de Sikorsky ne représentait pas un risque », a-t-il dit.

Michael Byers, de l’Université de la Colombie-Britannique, a reproché aux Forces armées canadiennes de mettre en danger la vie de ses équipages en utilisant des hélicoptères ayant des problèmes de sécurité.

« Ordonner à ses équipages de ne pas faire certaines manœuvres est tout simplement inacceptable parce que cela augmente les chances d’une erreur humaine ou d’une panne. Les Cyclones doivent être maintenus au sol jusqu’à ce que Sikorsky règle définitivement le problème de logiciel. »