(Ottawa) Le gouvernement Trudeau entend mettre fin à l’obligation de fournir un test PCR aux postes frontaliers pour rentrer au pays dans le cas des Canadiens qui effectuent un voyage de moins de 72 heures aux États-Unis et qui sont pleinement vaccinés, a appris La Presse.

Résultat : il sera bientôt possible d’effectuer un court voyage aller-retour au Vermont, par exemple, en montrant son passeport canadien et son passeport vaccinal.

L’annonce de ces assouplissements pourrait d’ailleurs survenir dès mercredi, environ 24 heures avant que le premier ministre Justin Trudeau participe à un sommet à Washington avec le président des États-Unis, Joe Biden, et le président du Mexique, Andrés Manuel López Obrador. Il s’agira d’ailleurs du premier sommet des « Trois Amigos » en cinq ans. Les assouplissements devraient entrer en vigueur le 21 novembre.

À l’heure actuelle, toute personne entrant au Canada doit présenter un test moléculaire (PCR) récent qui montre un résultat négatif à la COVID-19 avant d’entrer au pays. Mais ce test est très onéreux : entre 150 $ et 300 $ par test, ce qui a pour effet de gonfler la facture pour les familles qui souhaitent se rendre aux États-Unis. Les tests de détection rapide des antigènes, qui sont moins chers, ne sont pas acceptés.

La question des enfants en suspens

Qu’adviendra-t-il des exigences concernant les enfants non vaccinés de moins de 12 ans qui reviennent au pays après un court voyage familial ? Cette question demeurait en suspens mardi soir. À l’heure actuelle, les moins de 12 ans doivent essentiellement se soumettre à une quarantaine à leur retour au pays. Ils ne peuvent aller à l’école, à un camp de jour ou à une garderie pendant 14 jours après leur arrivée.

Ils ne peuvent pas non plus se rendre dans un endroit où ils pourraient entrer en contact avec des personnes vulnérables ou des personnes immunodéprimées, ou encore emprunter des transports en commun achalandés où la distanciation physique et le port du masque ne sont pas garantis. Les grands rassemblements, à l’intérieur ou à l’extérieur, comme un parc d’attractions ou un évènement sportif, leur sont aussi proscrits.

À sa sortie de la réunion hebdomadaire du cabinet, mardi après-midi, le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, a laissé durer le suspense en ce qui a trait à l’enjeu du test PCR.

PHOTO LARS HAGBERG, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Jean-Yves Duclos, ministre de la Santé du Canada

Les décisions sur les enjeux reliés à la frontière vont être prises très bientôt et elles vont être annoncées très prochainement.

Le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, en mêlée de presse au parlement

Le ministre a rappelé que le décret gouvernemental dans lequel cette disposition est édictée venait à échéance le 21 novembre prochain.

« Plusieurs mesures [du décret] vont être mises à jour », a-t-il ajouté.

Prudence

Selon nos informations, Justin Trudeau a discuté de cette question durant une conférence téléphonique avec ses homologues des provinces, mardi. « Nous allons procéder par étapes à la frontière. Ces changements doivent être mis en œuvre de façon prudente », a confié une source gouvernementale qui a requis l’anonymat parce qu’elle n’était pas autorisée à discuter publiquement de ce dossier.

À moins d’un revirement de taille, le gouvernement Trudeau entend maintenir pour le moment l’obligation de fournir un test PCR pour les voyageurs canadiens qui séjournent plus de trois jours aux États-Unis, par exemple.

Le gouvernement Trudeau opte donc pour la plus grande prudence. La pluie de critiques qu’il a encaissée au début de l’année en raison de sa lenteur à imposer des mesures plus contraignantes aux voyageurs qui rentraient au pays après un séjour dans une destination au soleil demeure fraîche à la mémoire de plusieurs conseillers libéraux, selon des informations obtenues par La Presse.

Et cette prudence, elle sera de mise avant d’annoncer de nouveaux assouplissements à la frontière, d’autant que l’on assiste à une résurgence du nombre de cas dans certains pays européens, a-t-on fait valoir.

Vives pressions

Depuis quelques semaines, le gouvernement Trudeau fait l’objet de vives pressions de la part des gens d’affaires, des maires des villes frontalières des deux pays, des membres du Congrès américain et du Parti conservateur pour qu’il jette du lest à la frontière canado-américaine.

Plusieurs ont notamment dénoncé la politique du gouvernement canadien permettant aux voyageurs de se faire tester au Canada avant de passer jusqu’à 72 heures aux États-Unis, puis de présenter aux douaniers leur test canadien négatif pour rentrer au pays.

Le président de la Chambre de commerce du Canada, Perrin Beatty, plaidait pour une plus grande harmonisation des mesures à la frontière entre le Canada et les États-Unis. Il jugeait carrément loufoque que les autorités canadiennes exigent un test PCR pour les Canadiens qui se rendent aux États-Unis pour une courte durée. « On dit aux gens de prendre un test à Montréal qu’ils pourront montrer aux douanes pour revenir au pays après une journée à Plattsburgh, par exemple. Ça n’a aucun sens », avait-il affirmé à La Presse.

« Des familles sont séparées depuis de nombreux mois. Elles ont manqué des évènements majeurs de la vie, des célébrations et des deuils. Maintenant, il existe un chemin, mais il reste une embûche. L’exigence déraisonnable et coûteuse pour un test au retour au pays », a affirmé récemment le maire de Windsor, Drew Dilkens, durant une conférence de presse en compagnie de collègues représentant d’autres villes frontalières.