(Ottawa) Le ministère de la Défense nationale s’engage à examiner comment l’armée filtre les opinions extrémistes dans les troupes étrangères qu’elle forme.

Cette décision intervient après qu’un rapport a révélé que des individus d’extrême droite de l’armée ukrainienne se sont vantés sur les réseaux sociaux d’avoir reçu une formation des Forces armées canadiennes et d’avoir participé à des exercices conjoints.

L’étude d’un institut de l’Université George Washington indique que les membres de Centuria ont travaillé avec des militaires canadiens et ont accédé à une formation du Canada, entre autres pays occidentaux.

Centuria est un groupe qui entretient des liens avec des mouvements d’extrême droite, vénère des personnalités nazies et vise à protéger ce qu’il appelle « l’identité ethnique » de l’Europe.

En réponse au rapport, les Amis du Centre Simon-Wiesenthal ont demandé cette semaine une enquête du ministère de la Défense.

Efraim Zuroff, directeur du bureau israélien du centre, affirme que la formation d’individus d’extrême droite par des forces armées étrangères renforce les groupes qui encouragent la haine et qui pourraient retourner leurs armes contre des membres de leur propre population.

« Je pense qu’ils doivent réévaluer le programme, car ce sont les dernières personnes sur terre que vous voulez former », a déclaré Efraim Zuroff lors d’un entretien téléphonique depuis Jérusalem.

Le ministère de la Défense affirme dans un courriel que le Canada compte actuellement sur le gouvernement ukrainien pour examiner et contrôler ses forces de sécurité, mais ajoute que si les soldats canadiens soupçonnent leurs homologues étrangers d’avoir des opinions racistes, ceux-ci sont « immédiatement exclus » des activités conjointes.

Néanmoins, les conclusions de l’étude ont incité le ministère à procéder à un « examen approfondi de ce rapport, notamment pour déterminer si les politiques et procédures actuelles en place sont suffisamment strictes pour signaler et empêcher les Forces armées canadiennes d’aider involontairement ceux dont elles s’opposent fondamentalement aux opinions ».

Le rapport indique qu’aucun des gouvernements occidentaux contactés dans l’étude, y compris le Canada, les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne, n’a examiné si les destinataires de la formation ukrainienne avaient des idéologies extrémistes ou des liens avec des extrémistes.

« Le résultat de ce rapport est qu’entre ces deux parties, personne ne fait réellement son travail », a déclaré Tarik Cyril Amar, professeur à l’Université Columbia et expert de l’Ukraine, dans une interview virtuelle depuis Istanbul.

« L’Ukraine ne correspond pas à ces caricatures insensées qui essaient de décrire l’ensemble du pays de manière déformée comme étant terriblement de droite, a-t-il ajouté. Mais ça ne veut pas dire qu’il n’y a pas de problème. Et il y a un problème à mon avis. »