(Ottawa) Les Canadiens pourraient avoir à patienter quelques jours avant de connaître les résultats officiels d’une élection fédérale tenue en pleine pandémie de COVID-19, prévient le directeur général des élections.

Les électeurs pourraient aussi avoir à aller voter dans des endroits inhabituels ou à aller un peu plus loin pour déposer leur bulletin dans l’urne.

Mais le directeur général des élections du Canada, Stéphane Perrault, tient à ce que les Canadiens sachent qu’il n’y a rien de mal au changement.

Ces idées font partie d’un processus mis de l’avant par Élections Canada dans le but de s’assurer qu’une élection en pandémie de COVID-19 puisse se dérouler de manière sécuritaire tout en produisant des résultats dignes de confiance.

« C’est important que les Canadiens comprennent que cette décision est un choix qui fait partie de notre plan. Ce n’est pas un accident, ce n’est pas un signe que les choses ont mal tourné, c’est le processus qu’on a prévu en fonction de ces circonstances uniques liées à la pandémie », explique M. Perrault en entrevue avec La Presse Canadienne.

Bon nombre d’observateurs s’attendent à ce que le premier ministre Justin Trudeau procède à une dissolution de la Chambre des communes au cours des prochaines semaines afin qu’une élection se tienne vers le milieu ou la fin du mois de septembre.

Tous les partis fédéraux se préparent actuellement à partir en campagne électorale même si l’administratrice en chef de la santé publique, la Dre Theresa Tam, a averti que le pays se trouvait sur le seuil d’une quatrième vague de COVID-19 provoquée par le virulent variant Delta.

Si une élection estivale devait se concrétiser, Élections Canada dit être prête à gérer une hausse massive du vote par correspondance. On croit que jusqu’à cinq millions d’électeurs pourraient préférer cette méthode contrairement à 50 000 en 2019.

Stéphane Perrault révèle que le vote par correspondance ne sera pas comptabilisé avant le lendemain du jour de l’élection. Une décision prise pour s’assurer que tous les bulletins de vote puissent être reçus jusqu’à la dernière minute avant la fermeture des bureaux de vote. Cela donnera également plus de temps aux responsables pour s’assurer que les électeurs ayant voté par correspondance n’aient pas voté une deuxième fois en personne.

Dans le pire des scénarios, on pourrait devoir patienter entre deux et cinq jours avant d’obtenir le décompte officiel des bulletins envoyés par la poste.

Cela veut dire que le résultat des courses les plus serrées dans certaines circonscriptions du pays pourrait ne pas être dévoilé le jour même de l’élection. Et dans les cas où le résultat national s’avère très serré, l’identité du prochain gouvernement ainsi que son statut minoritaire ou majoritaire pourraient aussi demeurer incertains pour quelques jours.

Stéphane Perrault insiste cependant sur le fait que ce léger délai est essentiel afin de garantir l’intégrité des résultats.

« On a beau aimer les résultats rapides, je pense que les Canadiens s’attendent d’abord à ce qu’on fasse bien les choses », résume-t-il.

Lors de la plus récente élection présidentielle américaine, le vote par correspondance a servi de terreau à l’ex-président Donald Trump pour cultiver ses prétentions fantaisistes selon lesquelles une fraude massive l’aurait privé d’un second mandat. Des millions de partisans républicains et de conspirationnistes ont cru ces allégations sans fondement, ce qui a miné la légitimité du processus électoral américain.

Stéphane Perrault dit espérer que la grande majorité des Canadiens va continuer de faire confiance au processus électoral en place au pays. Il note que contrairement aux États-Unis, il n’existe pas de polarisation profonde au Canada au sujet du vote par correspondance.

« Tous les partis voient le besoin d’offrir ce vote par la poste. Ils comprennent que des mesures de contrôle sont en place. Les gens ne devraient pas s’attendre à ce qu’on voit les mêmes choses qu’aux États-Unis lors d’une élection fédérale canadienne », poursuit le DGE.

Anticipant une forte hausse de la demande pour le vote par correspondance, Élections Canada prévoit offrir la possibilité de commander son bulletin de vote en ligne que l’on devra ensuite transmettre par la poste.

Les électeurs qui craignent que leur bulletin ne soit pas reçu à temps vont pouvoir aller le déposer au bureau de vote près de chez eux ou demander à un proche de le faire pour eux.

Le nom de chaque électeur ayant reçu un bulletin par correspondance sera rayé des listes puisqu’on aura présumé qu’ils ont déjà voté. Les personnes qui n’auraient pas reçu leur bulletin de vote par correspondance après l’avoir demandé pourront tout de même voter en personne après avoir prêté serment.

Néanmoins, tout bulletin par correspondance reçu d’un électeur ayant aussi voté en personne sera rejeté.

Élections Canada s’attend malgré tout à ce que la majorité des Canadiens se rendent aux urnes en personne. L’agence a fait le plein de masques, de désinfectant, de crayons à usage unique et de parois de polymère afin d’assurer de protéger la santé des électeurs et des travailleurs d’élection.

En ce qui concerne les bureaux de vote, Stéphane Perrault a dit s’attendre à ce que les lieux habituels ne soient pas très intéressés à accueillir des milliers de personnes dans leurs locaux, c’est-à-dire les écoles et les centres récréatifs.

Ainsi, Élections Canada pourrait demander aux électeurs, surtout dans les petites communautés, de se rendre voter dans des lieux inusités comme des hôtels ou des cinémas. D’autres pourraient avoir à voter un peu plus loin de chez eux que de coutume.