(Ottawa) Le chef conservateur Erin O’Toole s’inquiète de voir les fêtes du Canada annulées dans la foulée de la macabre découverte de Kamloops, en Colombie-Britannique.

Dans les derniers jours, des municipalités canadiennes ont annoncé qu’elles allaient annuler les festivités prévues le 1er juillet cette année, à la suite de la découverte des restes de 215 enfants sur le site d’un ancien pensionnat autochtone, par respect pour les communautés qui sont toujours en deuil. D’autres avaient déjà revu leurs plans en raison de la pandémie.

S’adressant à son caucus en présentiel, mercredi matin, M. O’Toole a reconnu que l’horreur de Kamloops était un « éveil nécessaire pour de nombreux Canadiens ». Mais il s’est surtout dit inquiet de voir que « les injustices du passé et du présent sont trop souvent saisies par un petit groupe d’activistes qui les utilisent pour attaquer l’idée même du Canada ».

« En tant que personne qui a servi le Canada et qui va bientôt demander la confiance (des Canadiens) pour diriger notre pays, je ne peux pas rester silencieux quand les gens veulent annuler la fête du Canada. Je suis très fier d’être Canadien et je sais que la plupart des gens le sont », a poursuivi le chef conservateur en direct de l’édifice Sir John A. Macdonald à Ottawa.

C’est pourquoi il promet, l’an prochain, une fois la pandémie passée, « la plus grosse fête du Canada que le pays n’aura jamais vue ».

Plus tard en journée, dans le même édifice, les ministres des Services aux Autochtones et des Relations Couronne-Autochtones offraient leurs réflexions sur le sujet.

« Je suis du Québec, où la fête du Canada est parfois controversée également. Je l’ai toujours célébrée et je continue d’apprendre. […] Je prévois passer du temps avec les peuples autochtones en cette fête du Canada. Il y a de nombreux Canadiens qui veulent célébrer ce que je considère comme étant l’un des meilleurs pays au monde. Mais pour plusieurs, ce n’est pas le cas », a fait valoir Marc Miller.

« Je pense que ce sera un été complet de réflexions où, nous, comme Canadiens, avons été confrontés à l’histoire, mais aussi comment ces politiques colonialistes dommageables continuent d’affecter les Premières Nations, les Inuits et Métis aujourd’hui », a poursuivi Carolyn Bennett, qui promet de porter un chandail orange le 1er juillet, à la mémoire des victimes des pensionnats autochtones.

Spectre d’une coalition

Signe que les élections approchent, M. O’Toole y est allé d’une attaque à l’endroit de ses adversaires politiques, qu’il a décrits comme à gauche et trop dépensiers. Il a du même coup ranimé le spectre de la coalition libérale, bloquiste et néo-démocrate de l’époque Harper. « Aujourd’hui, avec l’ajout du Parti vert, c’est la même chose qui se produit », a-t-il déploré.

Il a soutenu que les Canadiens, au moment d’aller aux urnes, auraient deux options : les conservateurs d’un côté, et une coalition formée de partis de gauche de l’autre.

« Il n’y a pas de différence entre les libéraux, le NPD, les verts et le Bloc québécois. Ils sont tous pareils », a raillé le chef conservateur dans son discours à ses députés. « Ils ont un agenda (politique) de quatre nuances de rouge », a-t-il ajouté.

Puis, s’adressant aux Québécois, M. O’Toole leur a dit qu’ils n’avaient plus à se « contenter » des libéraux ou des bloquistes.

« Cette époque est révolue. Vous avez une autre option. Un parti nationaliste qui vous ressemble et qui vous comprend », a-t-il poursuivi, en reprenant son slogan où son parti promet d’« agir » dans les domaines prioritaires au Québec, dont la protection de la langue française, des pouvoirs accrus en immigration et en culture, et la mise en œuvre d’un rapport d’impôt unique.

Les travaux parlementaires prennent fin mercredi. Les députés conservateurs étaient réunis pour une dernière rencontre de caucus à Ottawa avant de revenir dans leurs circonscriptions respectives. Environ une trentaine d’entre eux étaient rassemblés en personne, à distance, et les autres assistaient à la réunion par visioconférence.