(Ottawa) Les rapporteurs spéciaux des Nations unies sur les droits de la personne demandent au Canada et à l’Église catholique de mener une enquête approfondie sur les sépultures anonymes découvertes sur le terrain d’un ancien pensionnat autochtone.

Les 215 corps découverts sur le terrain de l’ancien pensionnat de Kamloops, en Colombie-Britannique, sont présumés être les restes d’enfants autochtones morts pendant qu’ils fréquentaient l’établissement.

Dans un communiqué publié vendredi, les rapporteurs spéciaux soulignent que les enquêtes devraient s’intéresser aux circonstances et aux responsabilités liées à ces décès. On propose notamment de mener des expertises médico-légales sur les dépouilles afin d’identifier les enfants.

Ils demandent aussi au Canada d’entreprendre des recherches similaires sur tous les sites d’anciens pensionnats du genre à travers le pays.

Les rapporteurs spéciaux des Nations unies font partie des Procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme, qui, elles-mêmes, sont chapeautées par le Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme. Il s’agit du plus important groupe d’experts indépendants de l’organigramme des droits de la personne aux Nations unies.

Les experts croient que la justice canadienne devrait mener des enquêtes criminelles sur chacune des morts suspectes ainsi que sur toute allégation de torture et d’abus sexuel contre des enfants dans les pensionnats autochtones. Toute personne responsable ou ayant contribué à dissimuler les faits devrait être traduite en justice, ajoutent-ils.

Les experts des Nations unies exhortent l’Église catholique à fournir un accès complet à ses archives portant sur les pensionnats aux autorités judiciaires. On demande également à ce que les résultats des enquêtes soient dévoilés publiquement.

Plus tôt cette semaine, une porte-parole du Haut-Commissariat des Nations Unies aux droits de l’homme, Maria Hurtado, avait déjà appelé le Canada à déclencher une enquête approfondie sur cette affaire. Elle demandait au gouvernement de redoubler d’efforts pour retracer le parcours des enfants disparus, incluant en cherchant d’autres sépultures anonymes.

Le sénateur à la retraite, Murray Sinclair, qui présidait la Commission de vérité et réconciliation du Canada, a lui aussi lancé un appel au déclenchement d’une enquête indépendante afin de mener des recherches sur les anciens sites de tous les pensionnats autochtones.

Devant un comité de la Chambre des communes, jeudi, il a soutenu que les recherches ne devraient pas être menées par le gouvernement fédéral, mais plutôt supervisées par un comité parlementaire pouvant s’assurer que le travail est effectué convenablement.

Le gouvernement du premier ministre Justin Trudeau a débloqué 27 millions d’une enveloppe déjà annoncée afin de financer de nouvelles recherches sur d’autres anciens sites de pensionnats.

Le « Programme de soutien en santé-résolution des questions des pensionnats indiens » dispose d’une ligne d’aide d’urgence réservée aux survivants et à leurs proches dont les douleurs ont été ravivées par les nouvelles des derniers jours. Le numéro est le 1-866-925-4419.

Cet article a été produit avec l’aide financière des Bourses Facebook et La Presse Canadienne pour les nouvelles.