Le conseil élu d’une Première Nation ontarienne au cœur d’un conflit foncier a fait un appel au calme, samedi, à la suite d’une intensification des tensions entre la police et les manifestants sur un site prévu pour la construction de logements.

Des fermetures de routes étaient en vigueur dans certaines parties de Caledonia, en Ontario, samedi matin, en raison de manifestations contre le projet de construction de McKenzie Meadows, selon la police provinciale.

Les opposants, qui campent sur le site depuis des mois, affirment que le lotissement près de Caledonia et la Première Nation se trouvent sur des terres autochtones non cédées, violant la souveraineté du peuple haudenosaunee. Des dizaines de manifestants ont été arrêtés depuis le début de l’occupation.

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Dans une déclaration publiée tard vendredi, le conseil élu des Six Nations a affirmé que la communauté devrait se concentrer sur le règlement des revendications territoriales avec les gouvernements fédéral et provincial. Il s’agit d’un objectif commun que tous les membres partagent malgré d’autres divergences d’opinions, indique-t-il.

« Nous espérons que dans les jours à venir, nous pourrons travailler ensemble pour nous concentrer sur l’objectif commun de traiter nos revendications territoriales des Six Nations, est-il écrit dans le communiqué. Il est temps pour les gouvernements fédéral et provincial de réparer leurs torts. »

Une injonction

Le conseil dit avoir été troublé par une injonction permanente octroyée jeudi par un juge, qui ordonne à tous les manifestants de quitter le site connu sous le nom de 1492 Land Back Lane. Selon la Première Nation, il s’agit d’un exemple de racisme systémique dans le système judiciaire canadien.

Des informations faisant état de violences ont été rapportées à Caledonia quelques heures après que la décision du juge John Harper fut rendue. Des manifestants ont affirmé que la police avait tiré des balles en caoutchouc, tandis que les policiers accusent les protestataires d’avoir endommagé des voitures de police.

« Nous ne tolérons pas la violence ou la destruction de biens et nous appelons au calme pour recentrer nos esprits », a plaidé le conseil dans un communiqué.

Le juge Harper a refusé jeudi d’entendre les arguments constitutionnels dans l’affaire Skyler Williams, un homme nommé sur une injonction temporaire en août, affirmant que les occupants du camp avaient commis un outrage au tribunal en refusant de quitter le site.

M. Williams prévoit faire appel de cette décision.

Ford veut un dialogue

Le premier ministre Doug Ford a déclaré qu’il souhaitait établir un dialogue avec les manifestants, qualifiant ceux qui se sont livrés aux violences présumées de « pommes pourries ».

« Je ne sais pas si quelques personnes deviennent des voyous, mais la façon de régler les choses est de s’asseoir autour d’une table et de discuter de solutions, a affirmé le premier ministre. On ne s’en prend pas à la police. »

Devant les journalistes, samedi, M. Williams a affirmé que le commentaire de Doug Ford sur les « pommes pourries » reflétait son ignorance du camp et de son objectif. Il a dit que la communauté est unie dans sa compréhension de son droit à la terre.

« Chaque famille, chaque faction de notre communauté comprend que c’est notre terre et que cela va le rester », a-t-il soutenu.

Le premier ministre a également exprimé sa sympathie pour les gens qui ont payé pour des maisons dans le projet de logements, dont la construction a stagné en raison de l’occupation.

« Ils achètent une maison, comme nous tous […] et tout à coup quelqu’un arrive et dit : “Non, ce n’est plus la vôtre, c’est la nôtre.” C’est inacceptable », a déploré M. Ford.

Dans sa déclaration, le Conseil élu des Six Nations a également abordé les tensions au sein de la communauté au sujet de son accord controversé avec le promoteur de McKenzie Meadows pour soutenir publiquement le projet.

Le Conseil croyait que l’accord était bon pour la communauté à l’époque, a-t-il expliqué, mais il dit écouter ceux qui ont des points de vue opposés.