(Smithers) Un chef héréditaire wet’suwet’en et des ministres disent qu’une entente de principe a été conclue sur le projet controversé de gazoduc qui a provoqué une crise nationale au cours des dernières semaines.

La ministre fédérale des Relations Couronne-Autochtones Carolyn Bennett et le ministre des Relations avec les Autochtones de la Colombie-Britannique Scott Fraser disent avoir beaucoup appris au cours des négociations.

« Nous avons, je crois, trouvé un arrangement qui tient compte des protocoles du peuple et des clans wet’suwet’en, a déclaré Mme Bennett, dimanche. Ce que nous avons conclu doit être examiné par ces clans. Nous reviendrons signer cette entente à titre de ministres si celle-ci est approuvée par la nation. »

M. Fraser a toutefois indiqué que même si les travaux du gazoduc de Coastal GasLink – au cœur du litige – sont déjà en cours, les dernières négociations ont permis d’aborder les droits et les titres des Wet’suwet’en.

Les deux ministres ont refusé de donner des précisions sur l’entente de principe avant que celle-ci soit examinée par la nation wet’suwet’en.

Selon le chef Woos, un des chefs héréditaires wet’suwet’en, l’entente représente un jalon important pour son peuple pour toutes les parties impliquées.

« Au cours des trois derniers jours, nous avons discuté de certains sujets qui nous préoccupent tous », a-t-il indiqué aux journalistes.

Il a toutefois rappelé que le groupe demeurait fortement opposé au passage du gazoduc sur son territoire ancestral.

Nous continuerons de rechercher le dialogue avec la Colombie-Britannique, le promoteur et la GRC à l’extérieur du territoire. Ce n’est pas encore terminé. Il y a encore beaucoup de travail à faire.

Le chef Woos

PHOTO JONATHAN HAYWARD, LA PRESSE CANADIENNE

Le chef Woos, un des chefs héréditaires wet’suwet’en

Le promoteur du projet de gazoduc, Coastal GasLink, n’a pas perdu de temps pour annoncer la reprise des travaux dans le secteur de la rivière Morice dès lundi.

« Coastal GasLink reconnaît les discussions survenues au cours des derniers jours et le fait qu’un progrès important avait été accompli pour aborder les préoccupations des chefs héréditaires wet’suwet’en », a déclaré le président de l’entreprise, David Pfeiffer dans un communiqué publié dimanche.

Il s’est engagé à discuter à l’avenir avec tous les groupes autochtones.

Les chefs héréditaires et les deux ministres avaient commencé jeudi à discuter d’une entente.

Les Wet’suwet’en sont gouvernés par le système traditionnel des chefs héréditaires et par des conseils de bande élus. Une majorité des conseils de bande avait approuvé le projet de gazoduc, mais des chefs héréditaires s’y opposent.

Le conflit a aussi touché à la question des droits de territoires, des titres et de la représentativité. Qui a le droit de négocier avec les gouvernements et les grandes entreprises ? Ce qui complique les choses, c’est le fait que ce territoire n’a pas fait l’objet d’un traité et demeure « non cédé ». En 1997, la Cour suprême du Canada a décrété que la propriété autochtone n’avait pas été abolie par le gouvernement provincial – et qu’elle ne pouvait pas l’être, du reste. Mais le plus haut tribunal du pays n’a pas déterminé la zone et les limites spécifiques de ce territoire wet’suwet’en.

L’avocat Peter Grant, qui représentait les Wet’suwet’en et leurs voisins de la Première Nation Gitxsan, a indiqué que l’entente de principe n’était pas un nouveau traité.

« C’est n’est qu’un projet d’arrangement, mais je crois qu’il est très considérable. »