« Il n’y a pas de place dans notre pays pour la discrimination nourrie par la peur et la désinformation », a plaidé M.  Trudeau, qui assistait samedi à une réception pour le Nouvel An chinois à Scarborough, en banlieue torontoise.

Il a souligné que les Canadiens doivent se soutenir les uns les autres et dénoncer la stigmatisation, le racisme et les propos visant à semer la peur.

L’épidémie du nouveau coronavirus se propage. La discrimination aussi. Les quatre cas répertoriés de la maladie au Canada ont suffi à semer la panique chez certains et stigmatiser du même coup la communauté chinoise.

PHOTO TIJANA MARTIN, LA PRESSE CANADIENNE

Depuis quelques semaines de nombreux commentaires jugés discriminatoires font le tour des réseaux sociaux. Certaines personnes affirment agir par « précaution », allant jusqu’à refuser de visiter des commerces du quartier chinois, à Montréal.

Xixi Li, directrice de l’organisme québécois Service à la famille chinoise, déplore les commentaires apparus en ligne depuis l’éclosion de l’épidémie, dont l’épicentre se trouve à Wuhan, en Chine. Ce sont surtout des commentaires d’internautes qui incitent les gens à ne pas s’approcher des personnes d’origine chinoise, a-t-elle expliqué à La Presse vendredi.

« Personne dans mon entourage n’a subi d’attaques à ma connaissance, mais je trouve tout de même qu’on devrait dénoncer ces commentaires racistes en ligne. » Contracter un virus n’a rien à voir avec l’origine ethnique ou la culture d’une personne, poursuit-elle.

Tout le monde peut contracter la maladie. Je lis beaucoup de commentaires blessants où des gens critiquent notre façon de manger et mettent en doute notre hygiène.

Xixi Li, directrice de l’organisme québécois Service à la famille chinoise

Pour sa part, la mairesse de Brossard, Doreen Assaad, est restée bouche bée devant certains commentaires et images de mauvais goût partagés sur les réseaux sociaux. « J’ai vu passer sur le net une photo d’un rat qui portait un masque, décrit-elle, choquée. Derrière un écran, les gens peuvent se montrer très haineux et honnêtement, ça me désole. » À Brossard, comme dans plusieurs autres villes canadiennes, la communauté chinoise est très présente.

Le mot-clic #JeNeSuisPasUnVirus, utilisé surtout en Europe, a fait irruption sur Twitter la semaine dernière. Mme Assaad trouve dommage que certaines personnes se sentent dans l’obligation de spécifier, simplement parce qu’elles sont d’origine asiatique.

C’est déplorable. Le virus ne fait pas de discrimination, donc pourquoi est-ce qu’on en ferait, nous ?

Doreen Assaad, mairesse de Brossard

Horacio Arruda, directeur de la Santé publique du Québec, a lancé jeudi dernier un appel au calme par rapport à l’éclosion du coronavirus, rappelant qu’il n’y avait aucun cas répertorié dans la province jusqu’à maintenant. « Une personne d’origine asiatique ou chinoise qui aurait le rhume actuellement, ne pensez pas que c’est le coronavirus, là. C’est bien important. »

Il avait également déploré que des parents choisissent de retirer leurs enfants des écoles où il y a des élèves d’origine asiatique. « On ostracise des enfants, on dit à l’enfant : « Il faut avoir peur des Chinois » ! »