Une élue manitobaine demande aux Canadiens de contacter le ministre fédéral du Patrimoine pour faire retirer deux poèmes, écrits par le tueur d’une femme autochtone, figurant sur le site internet officiel du Poète officiel du Parlement.

Selon Nahanni Fontaine, l’inclusion des poèmes de Stephen Brown, dont l’un porte sur une prostituée, représente « un manque de respect flagrant » pour sa victime et toutes les femmes et filles autochtones disparues et assassinées.

Les deux poèmes font partie des « poèmes choisis par George Elliot Clarke » du site internet. Ils ont été publiés en 2017 lorsque celui-ci était le poète officiel du Parlement.

La semaine dernière, M. Clarke avait annulé la conférence qu’il devait prononcer en janvier à l’Université de Regina à la suite de l’indignation soulevée par son amitié avec Brown.

Stephen Brown et son ami Alex Ternowetsky ont été reconnus coupables d’homicide involontaire relativement à la mort de Pamela George, une femme autochtone, en 1995.

Un porte-parole du cabinet du ministre Steven Guilbeault n’a pas immédiatement exprimé de commentaire à ce sujet.

Mme Fontaine exhorte le ministre à agir.

« Le Canada a la responsabilité de veiller à ce que ses produits culturels et patrimoniaux reflètent un art qui n’exploite pas les souffrances de nos êtres plus vulnérables, y compris les femmes autochtones, a-t-elle dit lors d’une entrevue, dimanche. On ne peut pas participer activement à la célébration d’une personne qui a tué une femme autochtone. C’est le nœud du problème. »

Brown a été condamné à six ans et demi et a obtenu une libération conditionnelle en 2000. Il vit maintenant au Mexique.

Ses poèmes sur le site Web sont intitulés « Plaza Domingo » et « Alejandra ». Le sujet du second poème est une femme nommée « La Pornai », un type de prostituée dans la Grèce antique. On peut notamment lire la strophe suivante : « I follow her thru la fayuca in blinking light » (« Je la suis dans la fayuca sous la lumière clignotante »).

Pour la députée provinciale néo-démocrate, cette phrase signifie que l’auteur traque la femme.

« Ici, on célèbre sur un site internet parlementaire canadien un meurtrier qui écrit maintenant sur le harcèlement des femmes vulnérables. C’est inacceptable », a-t-elle soutenu.

M. Clarke s’est défendu en disant qu’il n’avait découvert qu’en septembre que Brown avait commis ce crime. Il dit avoir changé son opinion sur cet homme.