(Ottawa) La frontière canado-américaine devrait rester fermée encore un mois, au moins, jusqu’au 21 août.

Selon les informations obtenues par La Presse canadienne, le gouvernement de Justin Trudeau a conclu une entente de principe avec la Maison-Blanche pour prolonger à nouveau l’entente qui est en vigueur depuis mars. Ottawa était toujours en attente d’une signature finale des Américains, mardi, mais cela ne saurait tarder, a-t-on appris.

L’entente actuelle, qui interdit tout passage non essentiel entre le Canada et les États-Unis — sauf pour le transport routier et les travailleurs de la santé —, a été prolongée de mois en mois depuis mars. L’accord le plus récent devait expirer le 21 juillet, mais sera en toute vraisemblance prolongé jusqu’au 21 août, compte tenu de l’évolution de la pandémie au sud de la frontière.

Les taux d’infection à la COVID-19 continuent de grimper aux États-Unis alors qu’au Canada, la courbe semble suivre une trajectoire descendante presque partout.

Le docteur Howard Njoo, administrateur en chef adjoint de la santé publique du Canada, a rappelé mardi que les Canadiens avaient fait beaucoup de sacrifices pour aplatir la courbe, « et on ne veut pas gaspiller nos efforts, avec tout ce qu’on a fait à date ».

Aux États-Unis, Brian Higgins, l’un des représentants des États frontaliers du nord au Congrès, a exprimé sa consternation, mardi, face à ces informations qu’il a qualifiées de décevantes, mais peu étonnantes.

« En l’absence de leadership du président Trump pour lutter contre la pandémie, les cas aux États-Unis sont en hausse et, par conséquent, les citoyens américains ne sont pas les bienvenus dans plusieurs pays du monde, y compris chez beaucoup de nos alliés », a estimé le représentant démocrate de l’État de New York.

Les Canadiens peu pressés d’accueillir les Américains

Les appels récents de M. Higgins et d’autres collègues au Congrès pour une réouverture de la frontière ont été accueillis avec mépris et dérision sur les réseaux sociaux au Canada, où des sondages montrent clairement que les Canadiens ne sont pas pressés de voir revenir les Américains. Dans un récent sondage Léger mené pour La Presse canadienne, ils étaient 86 % à être totalement en désaccord avec une réouverture de la frontière à la fin du mois de juillet.

Le nouveau coronavirus est revenu en force dans des États du sud comme la Floride, le Texas, la Géorgie et la Louisiane, où les entreprises ont tenté de rouvrir rapidement, contrairement aux recommandations des autorités de la santé publique. Par ailleurs, le port du masque est devenu aux États-Unis un geste partisan, qui polarise selon les clivages politiques traditionnels.

Paradoxalement, de nouveaux sondages en ligne de Léger et de l’Association pour les études canadiennes suggèrent que le port obligatoire du masque dans les lieux publics fermés est plus populaire aux États-Unis qu’au Canada (72 % contre 67 %). Pourtant, 41 % des répondants américains considèrent cette mesure comme une violation de leurs libertés individuelles, contre 27 % au Canada.

Le président Trump a par ailleurs lâché du lest sur une autre question frontalière, mardi : face à d’éventuelles poursuites de l’Université Harvard et du Massachusetts Institute of Technology, la Maison-Blanche a abandonné une mesure controversée qui aurait forcé les étudiants internationaux qui suivent leurs cours en ligne à changer d’institution ou à quitter le pays. Cette nouvelle soulagera sans doute les milliers de Canadiens qui étudient au sud de la frontière et qui suivaient leurs cours en ligne depuis que les collèges et universités ont annulé les cours en personne.

Le docteur Njoo a hésité mardi à commenter la situation aux États-Unis. Mais il a admis que les restrictions sur les voyages transfrontaliers dans une urgence sanitaire consistent généralement à s’assurer que les deux pays ont une emprise similaire sur la situation, en tenant compte de facteurs tels que les systèmes de soins de santé, les régimes de dépistage et de retraçage des contacts, et les stratégies pour empêcher la transmission.

Étant donné qu’un certain nombre d’États américains connaissent une transmission communautaire de la COVID-19 et n’ont pas le contrôle de la situation, il faudra probablement des semaines, voire des mois avant que les avantages des mesures préventives supplémentaires ne deviennent apparents.

« Cela prendra un certain temps », a admis le docteur Njoo. « Si je devais voyager quelque part, je voyagerais au Canada pour le moment. »