(Ottawa) Jean Chrétien dit qu’il est « facile de blâmer » le premier ministre Justin Trudeau pour la durée de la crise des blocages ferroviaires, mais que « ce n’est pas à lui de décider ».

De passage à Ottawa, mardi, M. Chrétien s’est porté à la défense de l’actuel premier ministre dans la gestion de cette situation qui implique des chefs héréditaires de la nation wet’suwet’en qui s’opposent au passage d’un gazoduc sur leur territoire.

Même s’il voulait envoyer la police, il ne peut pas. Ce n’est pas ça qu’on entend dire à la télévision. C’est injuste !

Jean Chrétien

Et même si M. Trudeau avait voulu recourir à l’armée – option qu’il avait écartée dès le départ – il aurait fallu que les premiers ministres des provinces concernées en fassent la demande.

« J’étais là quand on a passé ces lois-là ! », a rappelé M. Chrétien, faisant référence à la crise d’octobre 1970 au cours de laquelle Ottawa avait proclamé la Loi sur les mesures de guerre à la demande de Québec.

Des manifestants ont bloqué les voies ferroviaires un peu partout au pays dans les dernières semaines en soutien à ces chefs héréditaires, ce qui a valu à M. Trudeau et à son gouvernement de vives critiques.

L’opposition conservatrice a réclamé que M. Trudeau demande l’intervention des forces de l’ordre pour permettre aux trains de passer, alors que le Bloc québécois et le Nouveau Parti démocratique ont réclamé que le premier ministre s’implique directement dans les négociations pour trouver une sortie de crise.

Or, le premier ministre ne pouvait faire ni l’un ni l’autre, affirme M. Chrétien.

Le pipeline en question, c’est un pipeline provincial. Le fédéral n’a rien à voir avec ça. C’est pour amener le gaz de la Colombie-Britannique à un port en Colombie-Britannique sur un pipeline autorisé par le gouvernement provincial.

Jean Chrétien

Une entente de principe a finalement été annoncée dimanche entre la nation wet’suwet’en, la Colombie-Britannique et Ottawa, mais des barricades sur les voies ferrées demeurent à Kahnawake, entre autres.

Questionné au sujet de l’impact de cette situation sur l’unité du pays, M. Chrétien a offert cette réponse : « Non. Le Canada est plus fort que ça. Nous faisons toujours face à ces problèmes et nous arrivons à les surmonter. »

Du même souffle, l’ancien premier ministre a laissé tomber qu’il n’était plus dans la vie publique et qu’il n’avait plus à régler de tels problèmes.

« Je ne suis plus le quart-arrière du lundi matin ni la belle-mère », a-t-il laissé échapper avant de s’éloigner des journalistes.