Ils sont cachés près d’une localité reculée du Manitoba, probablement dans une dense forêt marécageuse habitée par des ours, des loups et infestée d’insectes piqueurs. Deux jeunes hommes suspectés d’un triple meurtre échappaient encore vendredi aux policiers lancés à leurs trousses.

Depuis mardi, la petite ville de Gillam, près de la baie d’Hudson, est sur le qui-vive, scène de cette chasse à l’homme pour tenter de retrouver Kam McLeod, 19 ans, et Bryer Schmegelsky, 18 ans.

PHOTO AGENCE FRANCE-PRESSE

Kam McLeod et Bryer Schmegelsky

Tous deux sont considérés « armés » et « dangereux », avertit la Gendarmerie royale du Canada (GRC), qui appelle la population à ne surtout pas les approcher.  

« Ils pourraient avoir changé d’apparence et quelqu’un qui n’était pas conscient de leur identité aurait pu leur fournir de l’aide, par inadvertance, pour quitter la région », a observé la GRC vendredi. « Nous étudions toutes les possibilités », a souligné une porte-parole de la police.

Les fugitifs ont abouti dans ce village situé à plus de 1000 km au nord de Winnipeg, la capitale du Manitoba, au terme d’une cavale en voiture de plus de 3000 km à partir de la Colombie-Britannique.

Ils étaient d’abord considérés comme « disparus » dans cette dernière province riveraine du Pacifique depuis qu’un premier véhicule avait été retrouvé incendié vendredi dernier.

Non loin de là, la police avait aussi retrouvé le corps inanimé d’un homme, finalement identifié comme étant celui de Leonard Dyck, un professeur de botanique à l’université de Colombie-Britannique, âgé de 64 ans.

Mardi, la police s’est ravisée et a annoncé que les deux Canadiens originaires de l’île de Vancouver étaient soupçonnés de ce meurtre, ainsi que de celui de l’Australien Lucas Fowler, 23 ans, et de sa petite amie américaine Chynna Deese, 24 ans. Les deux corps de ce couple avaient été retrouvés le long d’une route dans le nord de la Colombie-Britannique.

Mercredi, les deux fugitifs ont formellement été accusés du meurtre sans préméditation de Leonard Dyck.

Car entre-temps, ceux que la police croyait disparus avaient été vus dimanche au volant d’un véhicule Toyota dans le nord de la province de la Saskatchewan.

La police a d’ailleurs diffusé vendredi une vidéo des deux hommes, filmée dimanche dans cette province, alors qu’ils se trouvaient dans un magasin.

Des cueilleurs de fraises ont ensuite retrouvé leur véhicule, incendié, lundi soir près de Gillam, déclenchant la chasse à l’homme.

« Insectes atroces »

Les deux jeunes Canadiens ont été observés à deux reprises à Gillam, mais pas depuis lundi.

La police a reçu plus de « 120 renseignements » à leur sujet, selon la porte-parole, et un barrage a été installé sur l’unique route — une piste de terre— menant à Gillam.

Chiens pisteurs, drone, camion blindé : les policiers en tenue de combat et armés jusqu’aux dents concentrent leurs recherches dans la dense forêt, parfois impénétrable, autour de Gillam.

Pour le maire de la bourgade, Dwayne Forman, les conditions sur le terrain rendent le travail difficile pour les policiers, mais encore davantage pour les fugitifs.

« Ils se mesurent à un terrain brutal. C’est un secteur marécageux, densément boisé. Dans les marécages, les insectes sont atroces », a-t-il dit à la chaîne CTV.

Les ours noirs abondent dans la région, parfois aussi visitée par des ours polaires venus de la baie d’Hudson, distante de 150 km, selon M. Forman.

« Je serais extrêmement surpris s’ils pouvaient survivre longtemps ici ».

« Une fois que le soleil se couche, les moustiques pullulent, suffisamment pour vous rendre fou », renchérit Clint Sawchuk, propriétaire d’une entreprise de plein air.

« S’ils n’ont pas de véhicule, c’est donc qu’ils sont à pied et cela doit être très dur pour eux », pense également Sherry Benson-Podolchuk, policière à la retraite de la GRC au Manitoba.

« Ils n’ont pas l’entraînement, ils n’ont pas tout l’équipement requis pour survivre pendant plusieurs jours sans eau ni nourriture », estime-t-elle.

« Le temps joue en faveur de la police parce que ces jeunes ne sont pas préparés pour ce qu’ils vivent s’ils sont dans la forêt », croit également Peter German, ancien haut responsable de la police fédérale.

« On espérerait tout simplement qu’ils se rendent et qu’aucun mal ne leur soit fait, ni aux policiers ou à la population », a-t-il conclu.