Un Québécois déménage vers les Territoires du Nord-Ouest, une famille de Terre-Neuve-et-Labrador accueille un nouvel enfant, une autre en Colombie-Britannique vit un deuil, un immigrant s’installe quelque part en Ontario.

En l’espace de quelques minutes, un outil en ligne de Statistique Canada offre un aperçu évocateur de la population canadienne en constante évolution grâce à une série de modélisations statistiques d’événements démographiques.

Cette « horloge démographique » — mise en service peu de temps après la fête du Canada, l’an dernier — utilise les données de l’agence fédérale pour illustrer en temps réel les principales tendances démographiques du pays, telles que les naissances, les décès, l’immigration et l’émigration.

L’observer donne parfois l’impression de jouer à une version du jeu vidéo SimCity à l’échelle nationale : des barres de couleur représentent les naissances, les décès et divers déplacements au pays, accompagnées d’animations illustrant ces événements sur une carte du Canada.

Bien sûr, ce n’est pas tout à fait exact — le gouvernement fédéral n’a pas la prétention de suivre chaque Canadien en temps réel —, mais l’un des principaux concepteurs de la page affirme qu’elle est plutôt fidèle à la réalité.

Patrick Charbonneau, analyste principal à la division de la démographie de Statistique Canada, explique que le modèle s’appuie sur les dernières estimations de la population par l’agence, qui sont mises à jour tous les trois mois.

« Les chiffres affichés dans l’horloge de population servent strictement à la visualisation, afin de donner aux Canadiens une idée de la vitesse à laquelle la population évolue. C’est davantage un outil d’apprentissage qu’un outil décisionnel », précise-t-il.

« Mais ces chiffres sont quand même obtenus grâce à une méthodologie très solide. »

Un outil populaire

M. Charbonneau raconte que l’agence a lancé cette page dans le but d’accroître « la littératie statistique » au sein de la population, et plus particulièrement chez les jeunes.

« Je pense que c’est quelque chose que tout le monde devrait pouvoir savoir : à quelle vitesse la population évolue, à quel rythme », expose-t-il.

L’horloge s’est montrée populaire au cours de sa première année d’existence, devenant même l’une des pages les plus visitées du site web de Statistique Canada, selon M. Charbonneau, qui dit avoir également eu vent d’enseignants qui l’avaient montrée en classe pour initier leurs élèves aux études démographiques.

Howard Ramos, professeur de sociologie à l’Université Dalhousie, est aussi d’avis que les Canadiens devraient s’intéresser aux tendances démographiques qui façonnent le pays.

« Je pense que beaucoup de Canadiens seraient même surpris par la taille de la population : nous sommes maintenant 37 millions et demi de personnes. Je pense que chez beaucoup de gens, la notion de la taille de la population est souvent figée avec ce qu’ils ont vu au secondaire », soutient-il.

L’horloge démographique peut aussi faire comprendre l’importance de l’immigration pour les Canadiens qui vivent à l’extérieur des grandes villes et pour qui ce phénomène est plus difficilement observable, relève-t-il.

M. Ramos exhorte les Canadiens à consulter eux-mêmes l’horloge et, s’ils la trouvent intéressante, à « fouiller » dans les nombreuses données disponibles sur le site web de Statistique Canada.

« C’est un excellent moyen pour nous d’apprendre à connaître qui nous sommes. »

« Si vous ne vivez qu’à Toronto, à Vancouver ou à Montréal, vous ne saurez peut-être pas ce que c’est que de vivre au Yukon, au Cap-Breton ou dans les Prairies. Et ce genre d’outil nous permet de commencer à voir à quoi ressemblent ces endroits et à nous les imaginer. »