(Ottawa) Quiconque souhaitera acheter des publicités politiques sur Facebook à l’approche des élections fédérales devra obtenir une approbation de l’entreprise, mais tout message non publicitaire qui ne fait que brouiller les cartes — comme la vidéo falsifiée de la présidente de la Chambre des représentants des États-Unis, Nancy Pelosi — pourra encore être autorisé sur le réseau social.

Facebook lance lundi son processus d’« autorisation », qui prévoit un certain nombre d’étapes visant à confirmer qu’une organisation qui achète une telle publicité politique ou sociale existe réellement et qu’elle a son siège au Canada. À partir du 30 juin, les publicités politiques sur Facebook afficheront le commanditaire et donneront aux utilisateurs la possibilité d’afficher diverses informations sur ceux qui l’ont vue et sur ceux qui l’ont mis en ligne.

Au cours du processus d’autorisation d’identité, les annonceurs seront également en mesure de se présenter comme « Autochtones » — une caractéristique unique au Canada.

Le chef de la politique publique de Facebook Canada, Kevin Chan, a soutenu lundi que l’entreprise tentait d’aller au-delà des normes établies dans les nouvelles lois sur la publicité électorale du gouvernement canadien, entrées en vigueur en décembre.

Cette décision du géant des médias sociaux fait suite aux modifications que le gouvernement libéral a apportées aux lois électorales canadiennes pour empêcher les « acteurs malveillants », étrangers ou nationaux, d’interférer dans le processus électoral fédéral par le biais de la publicité.

Après l’élection présidentielle américaine de 2016, une enquête du Congrès a révélé que des milliers d’annonces qui émanaient en apparence d’organisations américaines provenaient en fait de la Russie. Ces publicités militaient pour les armes à feu, dénonçaient la candidate Hillary Clinton ou l’islam, défendaient les Black Panthers ou dépeignaient le sénateur du Vermont Bernie Sanders comme une figure emblématique de la communauté gaie.

Financement étranger interdit

Le projet de loi C-76, qui a reçu la sanction royale en décembre, interdit l’utilisation d’argent provenant de l’étranger pour mener des campagnes partisanes au Canada. Le système d’autorisation de Facebook vise à s’assurer que l’entreprise connaît précisément le commanditaire des publicités sur sa plateforme.

Mais pour ce qui est du contenu comme la vidéo de Mme Pelosi, qui a été ralentie pour faire paraître la leader démocrate en état d’ébriété, M. Chan a expliqué que Facebook ne voulait pas devenir l’arbitre de la liberté d’expression. La vidéo a depuis été supprimée — mais pas par Facebook. Le géant a refusé de retirer la vidéo, malgré les appels qui lui étaient adressés, car il a estimé que l’enregistrement falsifié ne violait pas ses « normes communautaires ».

« Les meilleurs résultats sont ceux où les personnes qui disent des choses ou qui mettent des choses sur la plateforme reconnaissent qu’elles en sont responsables », a expliqué M. Chan.

Il souligne que lorsqu’il s’agit de contenu ne relevant pas des nouvelles règles de publicité politique — comme la propagande islamiste, par exemple —, les faux comptes seront supprimés. Mais une vidéo comme celle de Nancy Pelosi se situe dans une zone grise, où le contexte est important, selon lui. « Il existe des principes de liberté d’expression et des garde-fous appropriés, raison pour laquelle nous trouvons qu’il est très important de respecter certaines normes et certains principes. »

La nouvelle loi canadienne sur les publicités politiques impose aux plateformes en ligne, telles que Facebook et Google, de créer un registre de toutes les publicités numériques publiées par des partis politiques ou des tiers avant et pendant la campagne électorale, et de veiller à ce qu’elles puissent être consultées par le public pendant deux ans.