(Ottawa) À une époque où le Canada attire de plus en plus d’étudiants étrangers, certains craignent que des candidats de qualité soient refusés à cause des procédures de demande de visa.

La plupart des étudiants venus au Canada au cours des dernières années proviennent de l’Inde ou de la Chine. Selon le doyen de la faculté d’administration de l’Université du Nouveau-Brunswick, Fazley Siddiq, l’obtention d’un visa est devenue un véritable casse-tête pour des candidats venant de pays comme le Pakistan ou le Nigeria.

« C’est frustrant pour les étudiants, c’est frustrant pour les universités, souligne-t-il. Les contrôles de sécurité sont si stricts que personne ne peut l’obtenir. D’après mon expérience, très peu de visas ont été délivrés. »

Il a ajouté que la situation est particulièrement préoccupante dans le Canada atlantique, où certaines universités recherchent désespérément des étudiants étrangers et « font l’impossible » pour les attirer.

M. Siddiq concède que la situation s’est améliorée pour les étudiants nigérians, mais ceux du Pakistan continuent de subir davantage de refus. Certaines années, jusqu’à huit Pakistanais qui avaient été acceptés par sa faculté n’ont pu entrer au pays faute d’un visa.

Le Canada dit souhaiter attirer davantage d’étudiants étrangers afin de diversifier ses salles de classe et de bénéficier des retombées économiques qu’ils apportent. Celles-ci sont comparables à celles générées par les exportations canadiennes de pièces automobiles, d’avions et de bois d’œuvre.

Le haut-commissariat du Pakistan à Ottawa a exhorté les représentants du gouvernement fédéral à s’attaquer à ce que son porte-parole appelle un taux de rejet des visas « très élevé » pour les étudiants du pays asiatique.

« Les universités canadiennes sont populaires parmi les étudiants pakistanais, mais à cause des difficultés de visa, un nombre croissant d’étudiants se tournent vers d’autres pays », a indiqué Nadeem Kiani par courriel. En conséquence, les universités canadiennes perdent à la fois des étudiants de grande qualité et des revenus. »

Selon lui, seulement 32 % des demandes de permis d’étudiant émanant du Pakistan avaient été acceptées en 2015. En comparaison, plus de 68 % des demandes venant de l’Inde avaient été approuvées.

Le ministre de l’Immigration, Ahmed Hussen, soutient que le taux d’approbation des visas pour les ressortissants pakistanais avait augmenté sous le gouvernement libéral.

M. Hussen signale aussi que le gouvernement fédéral allait bientôt annoncer que le programme appelé « Volet direct pour les études » sera ouvert aux étudiants pakistanais. Actuellement, seulement les étudiants en provenance de Chine, de l’Inde, des Philippines et du Vietnam y sont admissibles.

Un porte-parole de M. Hussen fait valoir que toutes les demandes étaient évaluées de manière équitable, conformément au droit canadien.

« On ne peut pas comparer un pays à un autre, a dit M. Hussen dans une interview. Chaque pays a des conditions de vie différentes. »

La présidente-directrice générale de Collèges et instituts Canada, Denise Amyot, dit qu’il est souvent difficile pour les étudiants des économies émergentes de montrer qu’ils avaient les moyens financiers de payer leurs séjours.

Une plus grande collaboration entre les bureaux des visas et les établissements universitaires est également importante pour garantir que les demandes sont complètes, ajoute-t-elle.

« (Les agents des visas) n’ont pas beaucoup de temps lorsqu’ils examinent une demande, alors dès qu’il y a un doute, ils peuvent la rejeter, a déploré Mme Amyot. Nous devons nous assurer, dans la mesure du possible, que toutes les informations sont présentes et claires, et que toutes les informations disponibles soient intègres. »