Les automobilistes ontariens pourraient bientôt voir sur les pompes à essence des autocollants imposés par leur gouvernement provincial au sujet du coût de la taxe sur le carbone, alors que les progressistes-conservateurs ouvrent un nouveau front dans leur bataille contre Ottawa au sujet de cette taxe.

Les ministres ontariens de l'Environnement et de l'Énergie en ont fait l'annonce lundi lors de l'un des événements quasi quotidiens organisés par leur gouvernement pour dénoncer la taxe depuis son entrée en vigueur il y a une semaine.

« Nous utiliserons tous les outils à notre disposition pour que les Ontariennes et les Ontariens comprennent les impacts de cette taxe sur le carbone : les conséquences sur leurs activités, sur leurs familles et sur la compétitivité de notre province », a déclaré le ministre de l'Environnement, Rod Phillips, à une station-service d'Oakville, en banlieue de Toronto.

L'Ontario déposera un projet de loi exigeant l'apposition d'autocollants sur les pompes à essence indiquant que la taxe a ajouté 4,4 cents au prix du litre d'essence et que ce montant augmentera à 11 cents le litre d'ici 2022. Chaque pompe devrait afficher un autocollant en anglais et un autre en français.

Le ministre de l'Énergie, Greg Rickford, a présenté cette démarche comme étant dans l'intérêt de la transparence.

« Les Ontariens méritent de connaître toute la vérité sur la façon dont la taxe fédérale sur le carbone rendra leur vie plus inabordable », a-t-il déclaré.

M. Rickford n'était pas en mesure de fournir le coût de cette initiative, mais a indiqué qu'il serait très faible.

La ministre fédérale de l'Environnement, Catherine McKenna, a déclaré que le plan d'Ottawa était une façon abordable de lutter contre les changements climatiques et a critiqué le premier ministre de l'Ontario, Doug Ford, pour son projet d'autocollants.

« Le gouvernement Ford dépensera l'argent des contribuables sur des autocollants induisant intentionnellement en erreur les Ontariens et les Ontariennes au sujet de notre plan et n'incluant pas le montant d'argent que les gens récupèrent ni le coût de l'inaction face au changement climatique », a-t-elle affirmé.

« Il est clair que Doug Ford se préoccupe davantage de gaspiller l'argent des contribuables avec des autocollants trompeurs que d'aider les Ontariennes et Ontariens à économiser de l'argent et de l'énergie, ou de mettre en place un véritable plan pour lutter contre les changements climatiques. »

La taxe sur le carbone devrait coûter 258 $ à un ménage moyen cette année et 648 $ d'ici 2022. Les résidents des provinces touchées bénéficieront d'un crédit d'impôt sur leurs déclarations de revenus qui sera d'au moins 128 $ par an et qui augmente pour les personnes ayant un conjoint ou des personnes à charge à la maison. Le gouvernement fédéral a déclaré qu'une famille ontarienne de quatre personnes recevrait 307 $ cette année.

L'Ontario est l'une des quatre provinces, avec le Manitoba, la Saskatchewan et le Nouveau-Brunswick, où Ottawa a imposé la taxe parce qu'elles ont choisi de ne pas imposer leurs propres systèmes de tarification des émissions de carbone.

Greenpeace Canada a déclaré qu'il contesterait les autocollants du gouvernement de l'Ontario en vertu du Code canadien des normes de la publicité.

« En ne mentionnant ni les coûts des changements climatiques ni ceux des rabais fédéraux, nous croyons que ces autocollants violeraient la disposition du code qui stipule qu'une publicité "ne doit pas omettre une information pertinente si cette omission rend la publicité mensongère" », a déclaré le groupe de pression dans un communiqué.

L'Ontario contestera la taxe sur le carbone devant les tribunaux la semaine prochaine.

La taxe fédérale s'élève à 20 dollars la tonne cette année et devrait augmenter de 10 dollars par an jusqu'à ce qu'elle atteigne 50 dollars la tonne en avril 2022.