Des professeurs de droit à l'Université Dalhousie, en Nouvelle-Écosse, demandent à la direction de confirmer clairement que le blackface viole le code de conduite des étudiants et la politique de harcèlement sur le campus.

Dans une lettre adressée mardi à la doyenne de cette université de Halifax, 28 professeurs de la faculté de droit se disent préoccupés par les déclarations du nouveau président par intérim de l'établissement, Peter MacKinnon, concernant le blackface.

Dans un livre récent, M. MacKinnon fait référence à des soirées costumées où des étudiants blancs se peinturaient le visage en noir - une pratique communément appelée «blackface», venue du burlesque américain et de l'esclavagisme.

Des incidents de blackface ont soulevé l'indignation sur les campus nord-américains depuis quelques années, mais M. MacKinnon laisse entendre dans son livre que certaines réactions ont été «disproportionnées» et qu'il ne s'agissait finalement que de «fêtes d'Halloween».

Un groupe d'étudiants de Dalhousie a dénoncé ces propos, affirmant qu'ils témoignent de «perspectives racistes» et d'une «rhétorique oppressive».

«Je ne cautionne pas le blackface», a assuré M. MacKinnon au sénat de l'université la semaine dernière. «Je regrette toute interprétation contraire et le bouleversement qu'elle a pu soulever.» Mais des professeurs de droit se demandent si la politique de l'Université Dalhousie interdirait formellement le blackface sur le campus à l'Halloween, ou si cette pratique ne serait pas plutôt tolérée comme «faisant partie de la fête».

«Dans son livre, M. MacKinnon décrit la pratique du blackface comme «souvent, mais pas toujours, considérée comme raciste», lit-on dans la lettre signée par la majorité des professeurs de droit de l'université. «Ces déclarations nous inquiètent quant à la manière dont les politiques de Dalhousie pourraient être appliquées à des faits similaires, s'ils se présentaient ici.»

Les signataires demandent donc à la doyenne, Teresa Balser, de publier une déclaration afin de clarifier la question pour les étudiants et les employés de Dalhousie.

Il a été impossible de parler à M. McKinnon ou à Mme Balser, mardi. Le porte-parole de l'université, Brian Leadbetter, a toutefois indiqué dans un courriel que la position de l'établissement était claire : «Le blackface est absolument inacceptable à Dalhousie. Toutes les formes de racisme, y compris le blackface, constituent un affront aux valeurs de notre université et ne seront pas tolérées.»

M. Leadbetter a soutenu que si un incident impliquant le blackface était porté à l'attention de la direction, un certain nombre de politiques pourraient s'appliquer - notamment le Code de conduite des étudiants et la Déclaration sur l'interdiction de toute discrimination à Dalhousie. «Toute plainte serait déférée pour enquête par le biais des processus appropriés», a assuré M. Leadbetter.