Le Nouveau-Brunswick ne présentera pas les Jeux de la Francophonie en 2021.

L'annonce a été faite mercredi par le premier ministre Blaine Higgs, qui explique la décision par l'explosion des coûts de l'organisation des Jeux et le manque d'appui financier du gouvernement du Canada.

Les Jeux de la Francophonie ont été octroyés aux villes de Moncton et de Dieppe en 2015. À l'époque, le budget de leur organisation a été fixé à 17 millions, mais la facture anticipée est maintenant de 130 millions.

Le premier ministre Higgs a reconnu que les Jeux de la Francophonie constituaient un événement sportif et culturel important, mais il a ajouté que son gouvernement a été incapable de trouver du financement pour affronter l'explosion des coûts d'organisation.

Fredericton s'était engagé à consacrer 10 millions à ces Jeux, mais M. Higgs a soutenu que son gouvernement n'irait pas plus loin.

Blaine Higgs estime qu'Ottawa devrait payer beaucoup plus que la part promise puisque le rayonnement de l'événement est profitable à tout le pays.

Les neuvièmes Jeux de la Francophonie devaient rassembler 3000 athlètes et artistes de plus de 50 États membres ayant le français comme langue commune.

« Je sais déjà que le gouvernement fédéral va dire qu'il nous (appuie) par un investissement égal à notre investissement dans les jeux, a commenté le premier ministre du Nouveau-Brunswick. La seule chose qui peut faire en sorte qu'on aille de l'avant, c'est que le gouvernement fédéral change son approche de financement des jeux ».

Justin Trudeau a dit trouver « dommage », la décision du Nouveau-Brunswick d'annuler les jeux tout en rappelant qu'Ottawa était prêt à faire sa part dans le financement.

M. Trudeau a aussi eu une pensée pour les participants en soulignant que ce dénouement est « dommage pour les communautés francophones » et pour les athlètes de partout dans le monde « qui s'attendaient à venir au Nouveau-Brunswick et au Canada ».

Sabotage planifié ?

L'annonce du gouvernement de Blaine Higgs n'a pas étonné le ministre fédéral des Affaires intergouvernementales et député du Nouveau-Brunswick, Dominic LeBlanc. Selon lui, les progressistes-conservateurs « ont toujours planifié de saboter les Jeux », a-t-il reproché.

Il affirme avoir déduit ce raisonnement de plusieurs conversations avec M. Higgs, qui n'aurait jamais eu l'intention de respecter l'engagement de la province d'investir 50 % du montant nécessaire à l'organisation.

Le député Kevin Arsenau, du Parti vert du Nouveau-Brunswick, affirme que le gouvernement progressiste-conservateur n'a pas démontré de volonté sérieuse à discuter avec les autres paliers de gouvernement pour sauver les Jeux.

« Il y a eu des efforts de faits pour sauver les jeux, mais le gouvernement n'était pas à la table », a dénoncé le député vert.

Une critique appuyée par les commentaires de la ministre fédérale de la Francophonie Mélanie Joly qui reproche au Nouveau-Brunswick de n'avoir jamais déposé de dossier pour sauver l'événement. Elle ajoute que le fédéral aurait pu investir davantage de manière indirecte.

« Le gouvernement Higgs, s'il avait été de bonne foi, aurait été en mesure de présenter son dossier de façon à ce qu'on aurait pu jouer un rôle prépondérant et avoir des investissements en infrastructures au-delà des Jeux de la Francophonie », a-t-elle laissé entendre.

M. Arseneau a aussi déploré que le vice-premier ministre du Nouveau-Brunswick, Robert Gauvin, qui est le ministre responsable de la Francophonie et le seul député acadien du gouvernement, ait été absent de la conférence de presse annonçant l'annulation des Jeux.

La Société de l'Acadie du Nouveau-Brunswick a parlé d'une journée triste pour les Acadiennes et les Acadiens. L'organisme compare ce retrait à une remise en question « de la place qu'occupe l'Acadie au sein de la Francophonie internationale ».

On dénonce aussi un « Canada à deux vitesses » où seules « les provinces fortunées peuvent jouer sur la scène internationale ».

« Compte tenu de la situation économique du Nouveau-Brunswick, ne serait-il pas logique de chercher une plus grande intégration au sein de la communauté francophone internationale afin de tirer le maximum d'occasions économiques ? », demande le président de la société, Robert Melanson.