(Mill Bay) La Gendarmerie royale du Canada (GRC) a confirmé mercredi qu’un véhicule incendié retrouvé près de Gillam, au Manitoba, a été utilisé par les deux suspects recherchés pour un triple meurtre dans le nord de la Colombie-Britannique.

La police fédérale et les autres corps policiers recherchent toujours Kam McLeod, 19 ans, et Bryer Schmegelsky, 18 ans. Les deux amis de longue date sont soupçonnés d’avoir assassiné Lucas Fowler, de Sydney, en Australie, et sa copine Chynna Deese, de Charlotte, en Caroline du Nord, ainsi qu’un autre homme qui n’a pas encore été identifié par la police.

Les corps de Lucas Fowler et de Chynna Deesem, qui voyageaient ensemble dans la fourgonnette bleue de l’Australien, ont été retrouvés le 15 juillet sur un tronçon de route isolé près de Liard Hot Springs, dans le nord de la Colombie-Britannique, près du Yukon. La police a révélé que les deux amoureux avaient été abattus par balles.

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Chynna Deese et Lucas Fowler.

La camionnette incendiée des deux suspects et le corps de l’homme non identifié ont été retrouvés quatre jours plus tard près de Dease Lake, toujours en Colombie-Britannique, mais à plus de 470 kilomètres de la première scène de crime.

La GRC a retrouvé lundi soir un véhicule incendié dans le secteur de Gillam, au Manitoba, et elle a confirmé mercredi qu’il s’agissait bien du véhicule utilisé par les suspects.

« En fonction de ces renseignements, des ressources supplémentaires ont été déployées dans la région de Gillam », a indiqué mercredi en point de presse la caporale Julie Courchaine, responsable des communications pour la GRC au Manitoba. La police fédérale a aussi érigé un barrage routier au croisement de routes forestières menant à Gillam, « afin d’informer la population » sur les recherches policières.

Les jeunes McLeod et Schmegelsky, originaires de l’île de Vancouver, se rendaient à Whitehorse, au Yukon, pour trouver du travail, selon les autorités. D’abord « portés disparus » par la police, ils sont devenus mardi des suspects de meurtres, bien que les enquêteurs n’aient pas expliqué ce changement. La GRC demande par ailleurs aux citoyens qui croiseraient le chemin des deux suspects de ne pas s’approcher des jeunes hommes, considérés comme dangereux et armés.

Les hommes avaient été aperçus à Meadow Lake, en Saskatchewan, dimanche, avant que les recherches se poursuivent dans le nord du Manitoba voisin, plus tard cette semaine.

Des Manitobains inquiets

Le maire adjoint de Gillam, une petite ville du nord du Manitoba, affirme d’ailleurs que les résidants verrouillent leurs portes plus tôt que d’habitude depuis l’annonce de la chasse à l’homme dans la région. John McDonald a indiqué que ses concitoyens s’assuraient également de garder leur véhicule verrouillé.

Selon M. McDonald, les résidants de Gillam ont l’habitude de voir des étrangers aller et venir pour des chantiers de Manitoba Hydro, mais ils sont plus attentifs aux visages depuis la publication des photos des deux suspects et de l’annonce, mardi, qu’ils pourraient se trouver dans la région.

Il a ajouté que des policiers supplémentaires avaient été appelés pour effectuer des recherches à environ 70 km au nord-ouest de la ville, près de la nation crie de Fox Lake, où le chef Walter Spence avait annoncé que la police serait en patrouille toute la nuit.

M. McDonald indique également que si Kam McLeod et Bryer Schmegelsky sont bel et bien dans les environs, ils se trouvent dans une région connue pour ses boisés denses, ses marécages et ses insectes voraces — où il est facile de se perdre. « S’ils errent dans les bois, ils n’auraient pas pu choisir un pire moment, car les phlébotomes sont sortis il y a trois jours et ils sont voraces », a-t-il déclaré mercredi en parlant de redoutables insectes piqueurs. « Je suis sûr qu’ils seront plus qu’heureux que quelqu’un les trouve. »

Interrogé par des journalistes à Saskatoon, mercredi, le ministre fédéral de la Sécurité publique, Ralph Goodale, a déclaré que la police faisait tout son possible pour retrouver les suspects.

En mission suicide ?

Le père de Bryer Schmegelsky a déclaré en entrevue à La Presse canadienne que son fils souffrait d’une « très grande douleur » et qu’il avait eu une enfance difficile. Et Alan Schmegelsky craint maintenant que la chasse à l’homme à l’échelle nationale ne se termine par la mort du jeune homme de 18 ans.

M. Schmegelsky a déclaré que son fils Bryer avait mal vécu la séparation acrimonieuse de ses parents en 2005, alors qu’il avait cinq ans. « Un enfant normal ne voyage pas à travers le pays et ne tue personne. C’est ce que fait un enfant souffrant d’une très grande douleur », a soutenu, ému, M. Schmegelsky.

Alan Schmegelsky s’attend à ce que son fils meure dans un affrontement avec la police. « Il est en mission suicide. Il veut mettre fin à sa souffrance », a-t-il dit en pleurant. « Je pense qu’il va être mort aujourd’hui ou demain. Je le sais. Repose en paix, Bryer. Je t’aime. Je suis tellement désolé que tout cela soit arrivé. »

Après la séparation, le petit Schmegelsky avait déménagé avec sa mère dans la communauté de Port Alberni, sur l’île de Vancouver, où il a rencontré Kam McLeod à l’école primaire ; les deux enfants sont rapidement devenus d’inséparables amis. Mais adolescent, le jeune Bryer a connu des problèmes à la maison et à 16 ans, il a brièvement déménagé à Victoria pour vivre avec son père. Le garçon est ensuite retourné à Port Alberni chez sa grand-mère.

« Il n’a pas été entouré […] Il avait soif d’amour et d’affection », a déclaré son père.

M. Schmegelsky raconte que son fils avait travaillé au Walmart de Port Alberni après avoir obtenu son diplôme d’études secondaires plus tôt cette année, mais qu’il était insatisfait : il a alors dit à son père qu’il partait en Alberta avec son ami pour y chercher du travail.

Le père se rappelle que Bryer avait acheté un beau costume noir avec son deuxième chèque de paie de Walmart. « Maintenant, je réalise que c’était son costume funéraire. »