(Ottawa) Le premier ministre Justin Trudeau s’est envolé mercredi matin pour un grand sommet international au Japon, dans l’espoir de faire des progrès, ou du moins de trouver des alliés, dans un conflit sur plusieurs fronts avec la Chine.

Le sommet des dirigeants du G20 à Osaka arrive à un moment critique pour M. Trudeau, plusieurs mois avant les élections d’octobre et alors que le Canada continue de faire pression pour la libération de deux Canadiens en Chine — Michael Kovrig et Michael Spavor.

La Chine a arrêté les deux hommes, un ancien diplomate et un entrepreneur, quelques jours après que le Canada eut arrêté la directrice financière de la société de haute technologie Huawei, Meng Wanzhou, en décembre à Vancouver, en vertu d’un mandat d’extradition américain.

Alors que M. Trudeau était en chemin vers Osaka, les deux pays demeuraient bien campés sur leurs positions. Lors de la séance d’information quotidienne du ministère des Affaires étrangères en Chine, le porte-parole Geng Shuang a une fois de plus demandé au Canada de relâcher Mme Meng, qui a été libérée sous caution en attendant des procédures d’extradition, qui pourraient durer des années.

M. Geng a exhorté le Canada à prendre les inquiétudes de la Chine au sérieux et à libérer Mme Meng pour qu’elle retourne « saine et sauve » en Chine.

De son côté, le gouvernement Trudeau a insisté pour dire qu’il ne faisait que suivre la règle de droit.

« Il n’y a pas eu d’ingérence politique dans cette affaire, a indiqué Adam Austen, porte-parole de la ministre des Affaires étrangères Chrystia Freeland. Ce sont des responsables qui ont pris des décisions en vertu des engagements du Canada. »

La tension a grimpé d’un cran, mardi, lorsque la Chine a annoncé son intention de suspendre les importations de viande canadienne au motif que ses autorités ne font pas confiance aux garanties données par le Canada sur la qualité de ses exportations. La Chine avait déjà bloqué les envois de canola, de pois et de soja canadiens.

Pas de rencontre avec la Chine

Pour faire passer son message, M. Trudeau s’appuiera sur le pouvoir et l’influence de Donald Trump pour soulever la question des deux Canadiens détenus au cours d’une rencontre en tête-à-tête avec le président chinois Xi Jinping.

Plus tôt ce mois-ci en Normandie, en France, M. Trudeau a déclaré qu’il était impatient d’assister au G20, ajoutant que « la possibilité de dialoguer directement avec le président chinois est certainement une chose que nous examinons ».

Un responsable du gouvernement canadien affirme maintenant qu’il est « peu probable » qu’une demande soit faite pour une telle réunion à Osaka, où les thèmes clés incluent l’économie mondiale, le commerce et les investissements, ainsi que l’innovation.

Le G20 regroupe des pays aux économies importantes du monde entier, avec des intérêts beaucoup plus divergents que le contingent des pays du G7. Ses membres comprennent la Russie, la Chine, la Turquie, l’Indonésie, le Brésil et la Corée du Sud.

Avant la réunion, M. Trump a promis son soutien aux détenus canadiens en Chine lors d’une réunion avec M. Trudeau jeudi dernier à la Maison-Blanche.

M. Trump a laissé entendre qu’il aborderait la question avec le président chinois.

Trump comme atout

David Mulroney, ancien ambassadeur du Canada en Chine, a souligné qu’il ne fallait pas s’étonner que la Chine ne soit pas intéressée par une réunion entre son président et le premier ministre Trudeau.

M. Trump sera le meilleur atout du Canada pour aborder le problème des détentions, a dit croire M. Mulroney.

M. Mulroney a affirmé que M. Trump profiterait sans doute également du G20 pour parler à d’autres dirigeants confrontés aux mêmes problèmes avec la Chine.

« Si nous pouvons construire ce sentiment d’objectif partagé en nous opposant à la Chine, en ne nous permettant pas d’être isolés de la sorte, c’est un grand pas en avant », a souligné l’ancien ambassadeur.

« C’est dans l’intérêt des États-Unis et de nombreux autres pays de voir la Chine cesser la diplomatie des otages et de l’intimidation. Le seul moyen de contrer cela est de mener une action collective, ce qui est un long et dur travail », a-t-il ajouté.

M. Trudeau devrait rencontrer des partenaires européens afin de discuter de divers enjeux vendredi, dont la détention des deux Canadiens.