Le Canada n'écarte pas que des «actes criminels» puissent être à l'origine des «symptômes inhabituels» ayant nécessité des soins médicaux pour huit membres de familles de diplomates canadiens en poste à Cuba, mais n'a encore tiré «aucune conclusion» sur leur origine.

Huit des 27 ressortissants canadiens issus de 10 familles qui avaient subi des tests médicaux ont été soignés au Canada pour des symptômes comme des saignements de nez, des étourdissements, des pertes d'équilibre ou de l'insomnie, selon un haut fonctionnaire d'Affaires mondiales.

En dépit de cette curieuse situation, qui a incité trois familles à rentrer au pays, les activités se poursuivent normalement à l'ambassade du Canada à La Havane, les autorités canadiennes ayant déterminé que leur santé et sécurité n'étaient pas en jeu, a-t-il précisé mercredi.

Une enquête menée par la Gendarmerie royale du Canada (GRC) se poursuit pour tenter de déterminer ce qui a pu causer ces symptômes, car pour l'heure, rien ne permet de conclure avec certitude qu'ils découlent d'«attaques acoustiques», a expliqué le haut responsable.

En fait, les autorités canadiennes ne sont pas en mesure de confirmer l'existence même d'armes sonores qui pourraient causer des ennuis de santé physique, a signalé ce même fonctionnaire gouvernemental ne pouvant être cité en raison de la sensibilité de l'enjeu.

Le scénario d'une possible «attaque acoustique» a été évoqué il y a quelques mois, alors que des employés de l'ambassade des États-Unis à La Havane ont affirmé avoir éprouvé des malaises après avoir entendu des sons dont ils ignoraient la provenance.

Mais à la connaissance des autorités canadiennes, il n'existe «aucune arme acoustique connue», et dans l'affaire cubaine, la théorie sonore découle du fait que les médecins ont déterminé que les manifestations physiques pouvaient résulter d'un traumatisme acoustique.

C'est ce qu'a indiqué le représentant d'Affaires mondiales Canada, qui a répondu aux questions des médias pendant environ une heure, mercredi matin à Ottawa, en spécifiant que les seules délégations diplomatiques touchées seraient celles du Canada et des États-Unis.

La directrice du Laboratoire d'analyse vibratoire et acoustique (LAVA) de l'École polytechnique, Annie Ross, abonde dans le même sens, même si elle fait remarquer qu'il est «possible de générer des malaises et même des maladies à cause d'un environnement acoustique».

«Je ne suis pas au courant de ce qui existe dans l'armée, sauf que de mon point de vue de scientifique, je n'arrive pas à concevoir comment on pourrait arriver à des résultats comme ceux-là avec les moyens technologiques que je connais», a-t-elle relevé en entrevue.

Le fonctionnaire d'Affaires mondiales a par ailleurs précisé qu'il n'y avait aucune raison de croire que les voyageurs canadiens puissent s'exposer à des risques en se rendant à Cuba, aucun problème de la sorte n'ayant été porté à l'attention des autorités jusqu'à présent.

Il a également souligné que les autorités cubaines et américaines collaboraient étroitement avec les autorités canadiennes pour tenter d'élucider cette étrange affaire digne d'un film d'espionnage ou d'un album de Tintin - en l'occurrence, «L'affaire Tournesol».

Selon l'Associated Press, les enquêteurs de la police fédérale américaine (FBI) ont indiqué dans un rapport daté du 4 janvier n'avoir trouvé aucune preuve selon laquelle des ondes sonores auraient affecté la santé des Américains.

En entrevue avec l'agence de presse, le 5 janvier, le secrétaire d'État américain Rex Tillerson a néanmoins affirmé que Washington placerait «intentionnellement des gens en danger» en renvoyant ses diplomates à Cuba.

Il a défendu au cours du même entretien la décision de rapatrier la majeure partie du personnel américain et leurs proches en septembre et souligné qu'il ne se raviserait pas tant que le gouvernement cubain n'aurait pas fourni l'assurance qu'ils seraient en sécurité.