Avant de donner le feu vert à des négociations de libre-échange avec la Chine, le premier ministre Justin Trudeau doit obtenir la libération d'un couple de Canadiens qui sont propriétaires de vignobles en Colombie-Britannique et qui sont détenus depuis près de deux ans par les services douaniers chinois en raison d'une dispute de nature commerciale, estime la fille de ce couple qui réclame en vain l'intervention du gouvernement canadien depuis plusieurs mois.

M. Trudeau doit effectuer une visite officielle en Chine, du 3 au 7 décembre, qui doit permettre de « resserrer les liens commerciaux » avec la deuxième économie en importance de la planète, voire de lancer officiellement des négociations visant à conclure un traité de libre-échange entre les deux pays.

Mais Amy Chang, la fille du couple de Canadiens détenus depuis 20 mois - John Chang et Allison Lu, propriétaires des vignobles LuLu Island, à Richmond, en Colombie-Britannique - presse le premier ministre d'obtenir d'abord et avant tout la libération de ses parents, qui sont détenus contre leur gré et sous de fausses accusations, avant d'entreprendre de telles négociations.

Dans une lettre de trois pages qu'elle a fait parvenir au premier ministre, mardi, Mme Chang estime que les autorités chinoises doivent comprendre que ce comportement est inacceptable et n'est pas propice à une bonne relation bilatérale sur le plan commercial.

«Mes parents ont immigré au Canada en 1998 et sont très fiers d'être Canadiens aujourd'hui. Ils ont droit à la pleine protection et l'appui du gouvernement canadien. Ils sont détenus en Chine et mon père en prison en Chine, pour le simple fait d'avoir fait des affaires en toute honnêteté en Chine. Je reconnais l'importance des relations commerciales entre le Canada et la Chine, mais si votre gouvernement est incapable de protéger et défendre les honnêtes gens d'affaires canadiens en Chine aujourd'hui, qu'en sera-t-il quand nous aurons une entente de libre-échange ?», demande Mme Chang, âgée de 24 ans, dans sa lettre.

John Chang et sa femme Allison Lu se sont rendus en Chine en mars 2016 afin de  rencontrer les distributeurs de leur vin. Leur entreprise exporte du vin dans ce pays depuis plus de six ans. Alors qu'ils séjournaient à leur hôtel, à Shanghai, ils ont été arrêtés par les services douaniers qui les ont accusés de sous-estimer la valeur de leurs exportations en Chine - une accusation qu'ils ont niée avec véhémence. M. Chang et son épouse ont été immédiatement séparés après leur arrestation et ne sont plus vus depuis lors, sauf lors de la comparution de M. Chang devant un tribunal en mai dernier, soit 14 mois après leur arrestation.

Dans sa lettre, Amy Chang rappelle que le taux de condamnation est « presque de 100 % » en Chine. Mais elle croit que les autorités chinoises seraient « réceptives » si le Canada montrait plus de fermeté dans ce dossier.

Mme Chang souligne aussi que l'état de santé de son père s'est dégradé depuis son arrestation. « Mon père a perdu près d'un tiers de son poids. Les docteurs de la prison ont indiqué à ma mère que le cancer dont il souffre ne s'est pas empiré, mais nous n'avons aucune assurance que cela est vrai. Avant sa détention illégale, mon père avait été en mesure de contrôler sa maladie en surveillant attentivement son alimentation. Mais cela n'est plus possible. Je crains que mon père risque sérieusement de mourir dans une prison chinoise », écrit-elle dans sa lettre.

Ce n'est pas la première fois que Mme Chang écrit au premier ministre pour obtenir une rencontre pour discuter du dossier de ses parents et pour l'implorer d'intervenir de manière plus ferme. En juin, elle lui avait aussi envoyé une autre lettre dans laquelle elle plaidait pour leur libération. Ce dossier avait d'ailleurs été soulevé par le chef du Parti conservateur Andrew Scheer à la Chambre des communes.

PHOTO ARCHIVES LA PRESSE CANADIENNE

Amy Chang, la fille des deux citoyens canadiens emprisonnés en Chine.