Le gouvernement Couillard nommera un président par intérim à la Commission des droits de la personne et des droits de la jeunesse (CDPDJ) en raison du départ en congé de maladie de Tamara Thermitus, a appris La Presse de sources sûres.

Mme Thermitus sera absente au moins jusqu'au 14 novembre, environ trois semaines, sur la recommandation de son médecin. Nommée en février dernier par l'Assemblée nationale, la présidente est au centre d'une crise interne depuis quelques mois.

La CDPDJ se retrouve maintenant encore plus fragilisée: sur les 15 postes de direction figurant sur l'organigramme, on compte aujourd'hui huit chaises vides. Certains cadres sont en congé de maladie prolongé, tandis que d'autres dirigeants sont partis et ne sont toujours pas remplacés.

Le gouvernement fait face à un casse-tête pour remplacer Mme Thermitus le temps de son congé de maladie, selon nos informations. Normalement, le vice-président hérite du poste. Or Camil Picard revient lui-même d'un congé de maladie. Québec se demande si M. Picard a les capacités d'occuper la fonction dès maintenant, lui qui était président intérimaire avant la nomination de Mme Thermitus. L'autre poste de vice-président est vacant depuis un an. Selon la loi, le gouvernement pourrait nommer à la présidence l'un des neufs commissaires. 

Chose certaine, Québec fera la nomination par décret du conseil des ministres. Le Secrétariat aux emplois supérieurs, qui relève directement du premier ministre Philippe Couillard, est responsable du dossier.

Tamara Thermitus est visée par une enquête du Protecteur du citoyen à la suite de dépôt de plaintes pour abus d'autorité, mauvaise gestion et manque de respect envers le personnel. Une vingtaine d'employés ont témoigné jusqu'ici pour appuyer ces plaintes, mais Mme Thermitus n'aurait pas encore rencontré les enquêteurs.

Sous le sceau de l'anonymat, trois commissaires qui siègent à la CDPDJ et qui sont nommés par l'Assemblée nationale ont également déclaré la semaine dernière à La Presse qu'ils comptent demander des comptes à Mme Thermitus sur sa gestion. Ils se plaignent des façons de faire de la présidente et lancent «un appel à l'aide». La ministre de la Justice, Stéphanie Vallée, a aussitôt réagi en annonçant la nomination prochaine d'un vérificateur externe pour faire la lumière sur la crise qui secoue la Commission. Elle est toujours à la recherche de cet «expert externe en diagnostic organisationnel», pour reprendre les termes maintenant utilisés par le gouvernement.

Le Parti québécois et la Coalition avenir Québec ont demandé à Mme Thermitus de se retirer de ses fonctions le temps des enquêtes.

De son côté, le nouveau ministre de l'Immigration, David Heurtel, a retiré à la CDPDJ le mandat de mener une consultation sur la discrimination systémique et le racisme. Une source libérale a confié que la crise interne à la CDPDJ explique en bonne partie la décision. Vendredi dernier, la Commission a toutefois fait savoir qu'elle poursuivra malgré tout ses travaux car «la discrimination systémique et le racisme (...) demeurent présents au sein de la société québécoise et requièrent une recherche approfondie de solutions concrètes». Elle publiait un second communiqué de presse le même jour pour dénoncer la loi 62. L'obligation de donner et de recevoir les services publics  à «visage découvert» «pourrait contribuer à la discrimination systémique visant les femmes appartenant à un groupe minoritaire, déjà largement discriminées», écrivait-elle.