Le gouvernement fédéral ne voit pas dans son projet de loi sur la légalisation du cannabis les failles décelées par le ministre québécois de la Santé, Gaétan Barrette, signalant notamment qu'il ne faudra pas attendre une éternité avant de retrouver les produits dérivés du cannabis sur le marché légal.

«Je ne pense pas qu'il y ait de lacunes dans le projet de loi», a réagi Joël Lightbound, le secrétaire parlementaire de la ministre fédérale de la Santé, Ginette Petitpas Taylor, en marge de la réunion du comité permanent de la santé, vendredi.

«Le fait qu'on décide d'y aller par voie de règlement plus tard pour les produits comestibles en prenant le temps de bien consulter, de bien regarder, je pense que ça démontre une approche qui est prudente par rapport aux produits comestibles», a-t-il fait valoir.

Cette approche graduelle permettra «par exemple, pour l'étiquetage, de s'assurer que les produits soient dans des emballages qui empêchent les enfants de pouvoir les ouvrir» et «que les produits soient bien réglementés», a illustré M. Lightbound.

Et l'arrivée sur le marché légal des produits dérivés du cannabis, comme les aliments cuisinés à base de la substance ou encore la résine de cannabis (le haschisch), ne prendra pas des années, mais bien «quelques mois» après l'adoption du projet de loi C-45, a-t-il signalé.

Le député libéral de la région de Québec a adopté la même approche prudente lorsqu'il a été invité à commenter les informations selon lesquelles le gouvernement de Philippe Couillard comptait interdire la culture de plants de cannabis à la maison dans la loi-cadre qu'il déposera cet automne à l'Assemblée nationale.

Il n'a pas voulu dire si les provinces peuvent carrément proscrire la culture de plants de cannabis à la maison - en vertu de la mesure législative élaborée par Ottawa, il serait légal de faire pousser jusqu'à quatre plants d'une hauteur maximale de 100 centimètres par domicile.

«On a toujours dit que les provinces pouvaient baliser davantage, réglementer davantage, au niveau de la culture personnelle», s'est contenté d'offrir M. Lightbound.

Le comité permanent de la santé, qui étudie le projet de loi C-45, a entendu vendredi un panel de témoins qui ont émis certains doutes sur la pertinence de retarder l'arrivée sur le marché légal des produits comestibles à base de cannabis.

Propriétaire d'un dispensaire de Colombie-Britannique et militant pro-cannabis, Dana Larsen a prévenu que le marché noir et les commerces comme le sien s'empresseraient de combler le vide que créerait l'interdiction de la vente de produits comestibles et de haschisch.

Le gouvernement de Justin Trudeau souhaite faire adopter d'ici le 1er juillet 2018 le projet de loi sur la légalisation du cannabis.

L'empressement des libéraux à aller de l'avant a été critiqué par les partis d'opposition à Ottawa, par des représentants des forces de l'ordre, par des communautés autochtones ainsi que par certaines provinces, dont le Québec et la Saskatchewan.

En réaction à ce concert de protestations, le premier ministre Justin Trudeau a rappelé cette semaine que cela faisait plusieurs années que la proposition a été mise de l'avant par les libéraux et a signalé qu'il gardait le cap sur l'échéancier du 1er juillet 2018.

Jusqu'à présent, seul le gouvernement de l'Ontario a présenté son plan, qui prévoit la mise sur pied d'un réseau de distribution et de vente géré par l'État.

Le Nouveau-Brunswick doit dévoiler le sien vendredi après-midi.