Québec ne veut pas de sinistrés à répétition : le gouvernement va faciliter le rachat des terrains les plus durement touchés par les récentes inondations et veut revoir « très rapidement » les zones inondables interdites à la construction.

Ces mesures ont été annoncées hier par le premier ministre Philippe Couillard, en même temps que la bonification du programme de compensation pour les crues printanières qui se terminent.

L'État québécois offrira jusqu'à 50 000 $ pour le terrain des sinistrés qui doivent démolir leur maison et qui préfèrent déménager plutôt que d'y reconstruire une maison. Cette somme s'ajoute à la compensation de 200 000 $ pour le bâtiment comme tel. Un total maximal de 250 000 $ pour un sinistré qui désire s'éloigner de l'eau, contre 159 000 $ auparavant.

« Il est possible, avec les changements climatiques et les autres phénomènes qu'on connaît, que ces événements se produisent plus souvent », a fait valoir Philippe Couillard, hier après-midi. De rarissimes, ils pourraient devenir « plus tellement exceptionnels ».

Selon les explications fournies par le ministère de la Sécurité publique, les citoyens qui se prévalent de ce programme vendront leur terrain pour 1 $ à leur municipalité, avant de recevoir une compensation en fonction de l'évaluation municipale.

Les sinistrés qui doivent reconstruire mais qui se trouvent dans une zone où la construction est interdite devront se prévaloir de ce programme. « Dans les zones où on n'a pas le droit de faire de nouvelles constructions, on ne peut pas reconstruire », a averti Martin Coiteux.

« RESPECTER LES CITOYENS »

Cela dit, Québec jure qu'il ne veut forcer personne à quitter son terrain.

« Quand je suis passé en Outaouais, à Pointe-Gatineau, j'ai rencontré des gens qui sont clairement établis dans une zone inondable. Mais ils sont là depuis trois générations pour certains », a relaté le premier ministre. 

« Moi, je ne vais pas leur dire : "vous pliez vos bagages, vous partez". » - Philippe Couillard

La solution, selon le gouvernement : mieux protéger les constructions actuelles avec des travaux d'infrastructures et limiter l'érection de nouveaux bâtiments.

« Il faut respecter les citoyens : il y a des gens qui sont enracinés à un endroit depuis longtemps, il ne s'agit pas de les traiter de façon cavalière », a-t-il dit. « C'est surtout pour les constructions futures qu'il faut engager une réflexion. »

RÉFLEXION SUR LES CARTES

Il a donc chargé son ministre de la Sécurité publique et son ministre de l'Environnement d'entamer une réflexion sur la possibilité de revoir les cartes des zones inondables, « les questions d'urbanisme, les questions de construction », a précisé le premier ministre. « Bien sûr, tout ça doit être appuyé sur un avis scientifique robuste et bien reconnu », a-t-il ajouté, comme pour répondre aux demandes de l'opposition péquiste, qui exige la mise sur pied d'une commission scientifique pour faire la lumière sur les inondations du printemps.

Par ailleurs, le premier ministre a souligné que les crues printanières auraient « un impact budgétaire significatif » pour l'État québécois. Mais cela « ne nous fera pas dévier de notre objectif d'encore une fois cette année réaliser l'équilibre budgétaire ».

Il a ajouté que la bonification du programme de compensation annoncée hier était permise grâce à la « rigueur » financière du gouvernement.