Un an après l'arrivée des tout premiers réfugiés syriens au Québec, les défis demeurent considérables pour ces nouveaux arrivants, mais dimanche, lors d'un événement festif pour souligner cet anniversaire, les politiciens québécois et canadiens ont surtout tenu à souligner les réussites du programme d'accueil mis en place dans la foulée de la guerre civile en Syrie.

«Il reste du travail à faire, tout le monde n'est pas ici. Le travail n'est jamais fini, mais je pense qu'on a fait très bon début», a déclaré le ministre fédéral de l'Immigration, John McCallum, qui s'est réjoui que le Canada ait tout de même accueilli plus de 36 000 réfugiés depuis un peu plus d'un an.

Plusieurs réfugiés étaient présents pour parler de leur joie de vivre en toute sûreté dans un milieu calme, mais aussi des défis auxquels ils se heurtent, dont la langue.

Fadel Moutfi, un père de famille de trois enfants, s'était trouvé un travail dès son arrivée, en janvier dernier. Il a finalement décidé d'abandonner son emploi parce qu'il ne maîtrisait pas assez bien la langue, a-t-il expliqué par la voie de son interprète, Fayza Rifai. Il suit maintenant des cours à temps plein avec sa femme, Bouchra Mzeek.

Moussa Alzeraoui, père de deux filles de 20 et 16 ans, trouve l'apprentissage de la langue difficile et il dit ignorer ce qui l'attendra plus tard, lorsque l'aide du Canada viendra à échéance, selon le Programme des réfugiés parrainés par le gouvernement, a expliqué son interprète, Hakima Hator.

La ministre de l'Immigration, Kathleen Weil, qui semblait très émue en rencontrant les réfugiés, a reconnu que l'intégration des nouveaux arrivants constituait un «défi» et qu'il fallait s'assurer de bien faire le travail avant de s'engager à en accueillir davantage.

Le gouvernement québécois s'était fixé l'objectif de recevoir 7300 nouveaux arrivants en 2015-2016 et ce sera atteint dès les prochaines semaines, a assuré Mme Weil en mêlée de presse. L'an prochain, le Québec prévoit accueillir 7000 réfugiés, dont environ 4000 Syriens.

«On est vraiment juste au bon niveau, on n'a pas eu de demande pour en faire plus. Les gens reconnaissent que c'est quand même un défi important, on veut bien les intégrer. Évidemment, il y a des milliers de réfugiés syriens qui ont besoin d'être sécurisés, qui ont besoin d'un nouveau domicile. Mais chaque société fait ce qu'elle peut», a expliqué Mme Weil.

La ministre ne disposait pas de données sur l'intégration des réfugiés sur le marché du travail, mais elle a souligné que de toute façon, la première année était normalement consacrée à apprendre le français.

Mme Weil a toutefois tenu à dire qu'il fallait aujourd'hui «se féliciter en tant que Québécois», qui «ont fait un travail extraordinaire» depuis un an, a-t-elle insisté.

Mme Weil était accompagnée du ministre des Affaires municipales et de la Sécurité publique, Martin Coiteux, et du maire de Montréal, Denis Coderre, qui partageaient son optimisme.

«Il peut y avoir de la morosité dans certains pays. Mais je suis très, très fier d'être canadien, d'être québécois parce qu'ici, ça veut dire bienvenue, et je suis très heureux d'en faire partie», a souligné M. Coderre dans son discours.

Un autre défi de taille dans l'accueil des réfugiés: les longs délais. Le ministre fédéral John McCallum a affirmé qu'il ne pouvait pas aller aussi rapidement que «la demande énorme» des Québécois et des Canadiens.

«Je suis probablement le seul ministre de l'Immigration autour du monde qui a ce défi! Nos citoyens sont tellement généreux, ils veulent accueillir tant de réfugiés qu'il est difficile pour moi d'aller à leur vitesse», a-t-il affirmé.

Le 12 décembre 2015, les premiers réfugiés syriens avaient été accueillis notamment par le premier ministre Philippe Couillard, le ministre McCallum et le maire de Montréal Denis Coderre à l'aéroport Pierre-Eliott Trudeau, à Montréal.

«Une par une, ces familles sont entrées dans la salle avec un grand applaudissement. C'est un moment que je n'oublierai jamais», s'est souvenu le ministre McCallum.