Le commissaire de la Gendarmerie royale du Canada (GRC), Bob Paulson, souhaite tourner la page sur un chapitre noir de l'histoire de son organisation en présentant des excuses formelles aux centaines de femmes qui affirment avoir été victimes de harcèlement sexuel, d'intimidation et de discrimination au cours de leur carrière au sein de la GRC.

M. Paulson a présenté ses excuses aux victimes jeudi à Ottawa et a du même souffle confirmé qu'une entente majeure à l'amiable a été conclue entre la GRC et les avocats des plaignantes qui ont intenté un recours collectif pour obtenir réparation et mettre fin au climat malsain au sein de la GRC. En tout, quelque 500 victimes ont joint leur voix à celle de Janet Merlo et Linda Gillis Davidson, deux ex-membres de la GRC, qui ont intenté le recours collectif il y a cinq ans.

Ces femmes, et toutes les autres agentes ou employées de la GRC qui auraient été victimes de harcèlement, auront droit à une compensation qui pourrait atteindre 225 000 $, selon la gravité des événements. En tout, la GRC estime à 100 millions de dollars la somme qui pourrait être versée aux différentes victimes.

L'ancien juge à la Cour suprême du Canada Michel Bastarache s'est vu confier le mandat de gérer le fonds qui servira à indemniser les victimes.

«À toutes les femmes touchées par l'inaptitude de la GRC à assurer des conditions de travail exemptes de harcèlement et de discrimination ; au nom de tous nos dirigeants, superviseurs et gestionnaires, et de tous les commissaires : c'est humblement et solennellement que je vous présente aujourd'hui nos excuses les plus sincères», a déclaré Bob Paulson, qui avait du mal à refouler ses larmes.

«Vous êtes venues à la GRC avec le désir de contribuer à la collectivité et nous vous avons trahies. Nous vous avons porté préjudice. J'en suis profondément désolé.»

M. Paulson était d'ailleurs entouré de Mme Merlon et Gillis Davidson durant la conférence de presse, ainsi que du ministre de la Sécurité publique Ralph Goodale et de la ministre du Travail MaryAnn Mihychuk.

«Les répercussions sur les victimes de cette conduite honteuse ne sauraient être interprétées dans la seule perspective de conditions de travail néfastes justifiant une indemnisation», a ajouté M. Paulson.

«Pour un grand nombre de ces femmes, le harcèlement a causé des blessures psychologiques, mais aussi physiques. Il a détruit des relations et des mariages, voire des familles entières. C'est la vie même des membres qui a été profondément bouleversée.»

Mme Merlo a pris la parole après M. Paulson, déclarant qu'il s'agit «d'un grand jour pour la GRC» et remerciant le commissaire au nom des autres femmes représentées dans les actions collectives.

«Elles souhaitaient simplement un lieu de travail meilleur, a-t-elle souligné. Pour elles, je suis très reconnaissante que ce jour soit enfin arrivé.»

«J'aime mon drapeau, j'aime mon pays et j'aimais mon travail. Je l'ai quitté beaucoup trop tôt», a ajouté Mme Davidson, qui a également remercié le commissaire.

«Je resterai toujours debout pour corriger les erreurs, lorsque je le pourrai. Nous sommes, nous avons été et nous serons toujours votre plus grand atout.»

Des centaines d'agentes et de civiles travaillant ou ayant travaillé pour la GRC ont dit avoir été victimes de harcèlement, d'intimidation et d'agressions datant d'aussi loin que du moment où les femmes ont eu droit de joindre le corps policier.

Cette entente devrait marquer le début de la fin d'un épisode difficile de l'histoire de la GRC.

«L'annonce faite aujourd'hui (...) tourne la page sur une période profondément troublante et regrettable de l'histoire de notre service de police nationale», a déclaré le ministre Goodale.

«C'est un moment encourageant qui témoigne de la volonté des parties à avancer de façon positive et constructive - dès maintenant.»

- Avec La Presse canadienne