Dans sa maison à Damas, Abdelkader, 10 ans, partageait une grande chambre avec toute sa famille. Alors ce n'est pas difficile pour lui, dit-il, de se retrouver avec eux dans une chambre d'hôtel du centre-ville d'Ottawa en attendant de s'établir dans leur résidence permanente comme les centaines de réfugiés syriens arrivés dans les trois derniers mois.

Lorsque ses parents participent à des séances d'orientation pour savoir comment ouvrir un compte en banque ou comment s'inscrire à des cours d'anglais, Abdelkader et quelque 50 autres enfants se rendent dans une salle de réunion du 11ème étage du Radisson pendant une heure pour jouer tous ensemble.

Les organismes communautaires de la capitale canadienne ont été submergés de travail depuis l'arrivée de la dernière vague de réfugiés. Les familles, qui se sont révélées plus nombreuses que prévu, doivent donc rester plus longtemps dans les hôtels avant de pouvoir déménager dans leur résidence permanente.

Il y avait également beaucoup plus d'enfants qu'on s'y attendait - 55 pour cent des réfugiés parrainés par le gouvernement ont moins de 14 ans.

Puisque ces enfants ne pourront pas aller à l'école avant de s'installer dans leur logis permanent, un groupe de centres communautaires a décidé d'organiser ces ateliers de jeux dans les hôtels - en plus des cours d'anglais et des soins de santé qu'ils fournissent sur les lieux.

Les enfants, dont les âges varient entre quelques mois et plus de dix ans, se massent devant le local avant l'heure tellement ils ont hâte de profiter de l'abondance de jouets et de bricolages.

À l'intérieur, la chaleur est accablante et le bruit est assourdissant - un grabuge auquel on s'attend lorsque plusieurs enfants remplissent un petit espace.

Les murs de la salle sont tapissés de dessins et de peintures des petits syriens. Parmi ceux-ci, on retrouve de nombreux croquis de maisons - dont celui d'Abdelkader, qui a dessiné une maison mauve et rose avec un soleil au-dessus. On peut également voir deux bonhommes: l'une des employées du centre qui sert également d'interprète, et Abdelkader lui-même. C'était un cadeau, a-t-il expliqué, pour la remercier.

«J'aimerais avoir une maison comme sur le dessin», a-t-il affirmé par l'entremise de son interprète.

Kimberly Vandermeer, qui dirige le groupe à l'hôtel Radisson, se rend également dans des refuges familiaux pour offrir des ateliers de jeux - et partout c'est pareil, les enfants veulent dessiner des maisons.

«C'est quelque chose d'universel - c'est où ta famille se rassemble, c'est où tu apprends, c'est où tu grandis sans même savoir que tu grandis», a-t-elle expliqué.

Mme Vandermeer dit que chaque jour, les enfants deviennent toujours plus confiants alors qu'ils entrent dans leur nouvelle vie. Une partie de l'atelier consiste à chanter des comptines et, peu à peu, les bambins apprennent l'anglais.

Il reste toutefois plusieurs défis. L'hôtel est lieu de résidence temporaire et les réfugiés devront s'adapter à leurs nouveaux appartements, leurs nouvelles écoles et leurs nouveaux voisinages - ce qui pourrait prendre du temps.

Sabah Alharaki, 33 ans, a six enfants. L'aîné a 16 ans, tandis que le cadet a 10 ans. Contrairement à la majorité des réfugiés qui sont arrivés au Canada depuis le mois de novembre, elle provient du camp de réfugiés de Zaatari, en Jordanie.

Elle se sentait mieux en Syrie, mais elle est entre meilleures mains ici, a-t-elle affirmé.

Mme Alharaki a exprimé toute sa reconnaissance envers tous ceux qui l'ont aidée depuis son arrivée, mais elle est surtout soulagée pour ses enfants. «Dieu merci, ils auront une chance», a-t-elle dit.