Plus d'un an après la réduction massive des services de transport par autocar en Gaspésie, la grogne ne montre aucun signe d'apaisement dans la région.

Un groupe de citoyens profitera d'une audience publique de la Commission des transports du Québec (CTQ), la semaine prochaine, pour réclamer qu'Orléans Express recommence à desservir Percé, où les autocars du transporteur ne passent plus depuis janvier 2015.

« Le problème apparaît de plus en plus limpide aux yeux de nos concitoyens [...] : ils le perçoivent comme une tentative d'isolement, voire de fermeture de notre village, de notre région », peut-on lire dans le mémoire que présentera le Comité sauvetage transport Percé.

« Il faut que le gouvernement s'organise pour qu'on ait ce service essentiel », dit en entrevue Lise Baroni Dansereau, coordonnatrice du comité, qui a obtenu l'appui d'une douzaine d'élus et d'organismes socio-économiques gaspésiens.

Reconnaissant la précarité de la situation financière d'Orléans Express, la CTQ a autorisé l'an dernier le transporteur à sabrer ses services. La Gaspésie a été la région la plus affectée. Le nombre d'arrêts a été réduit de 88 à une quinzaine. La fréquence est passée de deux autocars par jour à un seul, dans chaque direction, tant au nord qu'au sud de la péninsule. Et le service a été carrément aboli sur la centaine de kilomètres qui séparent Gaspé de Grande-Rivière. L'icône touristique de la région, Percé, s'est ainsi retrouvée orpheline.

« On était déjà une région éloignée, mais on est en train de devenir une région isolée », déplore le député péquiste de Gaspé, Gaétan Lelièvre. « Le secteur le plus stratégique, la capitale touristique, n'a plus aucun service de transport ! » Le train de Via Rail n'y passe plus depuis 2013 : il s'arrête à Matapédia, 260 kilomètres plus à l'ouest, car des travaux d'une centaine de millions de dollars sont nécessaires pour remettre les rails en état.

« IMPACT ÉCONOMIQUE RÉEL »

Selon le comité de sauvetage, l'achalandage dans les auberges et motels de Percé a diminué de 20 % depuis la fin du service d'Orléans Express. « Il y a un impact économique réel », dit Mme Baroni Dansereau. Et il n'y a plus de lien vers le parc national Forillon, l'autre grand site touristique de la région.

La Régie intermunicipale de transport Gaspésie-Îles-de-la-Madeleine a mis sur pied un système de navettes qui permet aux voyageurs de se rendre dans les villages encore desservis par Orléans Express pour y prendre l'autocar. Ce service complémentaire, financé par une subvention du ministère des Transports du Québec, a coûté 290 000 $ en 2015... soit plus de 100 $ par déplacement.

Après avoir laissé planer le doute, la CTQ a précisé hier que toute personne ou tout organisme intéressé pourra être entendu lundi prochain. Le tribunal administratif rappelle toutefois qu'il « n'est pas une commission d'enquête publique ni un organisme consultatif habilité à faire des recommandations aux autorités gouvernementales ou municipales ». La CTQ se penchera essentiellement sur la situation financière d'Orléans Express.

« Revenir au service d'avant n'est pas une option » dans le secteur de Percé, a indiqué Marie-Hélène Cloutier, vice-présidente, expérience passagers, de Kéolis Canada, la société mère d'Orléans Express. « Mais on reste très ouverts à s'asseoir avec les autorités régionales pour examiner les opportunités, notamment saisonnières. »