Le ministre ontarien responsable de l'éducation postsecondaire s'est dit préoccupé, jeudi, après que des collèges, financés en partie par des fonds publics, eurent ouvert des campus pour hommes seulement en Arabie saoudite.

Pourtant, mercredi, Reza Moridi avait assuré que les décisions concernant les activités des campus, incluant la composition du corps étudiant, revenaient aux conseils d'administration des différents établissements.

Finalement, tard jeudi, M. Moridi est revenu sur ses propos à la suite de nombreuses critiques sur les médias sociaux. Il a admis comprendre les inquiétudes des dernières semaines au sujet des activités internationales de certains collèges, en particulier ceux qui sont présents en Arabie saoudite. Dans une déclaration envoyée à La Presse Canadienne, le ministre a ajouté qu'il partageait ces préoccupations.

Le Collège de Niagara offre une formation en tourisme, en hôtellerie et en économie à son campus de Taïf. De son côté, le Collège algonquin propose dix programmes de cours, incluant économie, comptabilité et génie électrique à son campus de Jizan.

Le Collège Centennial de Toronto, pour sa part, offre un programme de formation en entreprise qui est réservé uniquement aux hommes en Arabie saoudite.

Ces campus ontariens établis en Arabie saoudite, tout comme l'ensemble de l'éducation offerte dans le royaume ultraconservateur, fonctionnent conformément à une interprétation stricte de la loi islamique interdisant la présence d'hommes et de femmes dans les mêmes classes.

Reza Moridi a affirmé, jeudi, vouloir rencontrer la direction de ces collèges et éventuellement discuter avec l'ensemble des collèges ontariens au sujet des programmes qu'ils offrent à l'extérieur de la province.

Le gouvernement ontarien fournit 1,44 milliard de dollars aux 24 collèges communautaires de la province, ce qui représente près de 40% de leur budget. En 2014-2015, le Collège algonquin a reçu 103 millions du provincial alors que le Collège Niagara a touché 45 millions. Les collèges obtiennent le reste de leur financement grâce aux droits de scolarité et à d'autres sources de revenus.

« Ils sont désespérés de trouver des façons de générer quelques dollars », a déclaré la porte-parole de l'opposition néo-démocrate ontarienne en matière d'éducation postsecondaire, Peggy Sattler. « Mais les collèges de l'Ontario ne devraient pas établir de partenariats avec des régimes répressifs qui ont des antécédents de violence basée sur le sexe », a-t-elle ajouté.

Le Collège de Niagara a dit que l'ouverture d'un campus en Arabie saoudite était une occasion d'améliorer l'accès à l'éducation dans le pays. L'établissement espérait récolter 4 millions sur cinq ans en provenance de son campus à Taïf.

Le Collège algonquin avait indiqué en 2013 son souhait d'accueillir 2000 étudiants à son campus situé en Arabie saoudite. L'institution espérait générer des revenus annuels de plus de 25 millions.

Le Syndicat des employés de la fonction publique de l'Ontario a critiqué le fait que les campus en Arabie saoudite appuient la discrimination à l'égard des femmes.