Québec attendra de connaître le mandat exact de l'éventuelle enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées avant d'envisager une enquête provinciale, comme en réclament les leaders autochtones, a annoncé le premier ministre Couillard en marge de la rencontre de ce matin avec les chefs autochtones de l'Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador à Montréal.

« Je n'ai pas fermé la porte mais ça serait prématuré [avant de voir où Ottawa s'en va] », note le premier ministre.

M Couillard a d'ailleurs demandé à Ottawa d'ajouter la question des relations entre les services de police et les membres des premières nations à son mandat.

Selon le chef Ghislain Picard, certains leaders autochtones sont « restés sur leur faim ». Ils continuent de souhaiter une enquête indépendante québécoise sur les agissements de la SQ et craignent des représailles de la part des policiers sur le terrain.

« Ce qui ce passe à Ottawa ne devrait pas mettre un voile sur ce qui ce passe ici », note le chef Ghislain Picard.

« Je suis venu ici pour autre chose que d'entendre des mots », a réagi le chef cri Matthew Coon-Come, qui a parlé des « atrocités » commises par la SQ.

« Je suis déçu, admet-il. L'enquête sur les femmes disparues touchera les femmes disparues. Elle ne traitera pas les allégations [contre la SQ]. J'accueille positivement l'enquête criminelle, mais il y a aussi des problèmes sous-jacents dans les communautés. Je comprends que le premier ministre veut les aborder, mais en même temps je me rends compte qu'il ne veut pas remplir le vide laissé par le fédéral. » 

« On vit une situation qui n'est pas facile dans la communauté », a rappelé la chef de la communauté de Lac-Simon, Salomé McKenzye qui a pour sa part remercié Québec pour son « ouverture ».

« Ce matin, on veut regarder la sécurité de ces femmes-là. On doit leur dire qu'on les a pas oubliées et qu'on se tient debout. Il faut continuer à avancer. »

La réunion de ce matin devait notamment faire le point sur les allégations d'abus de pouvoir et d'agressions sexuelles par des femmes autochtones de la région de Val-d'Or contre des policiers de la Sûreté du Québec.

Le premier ministre Couillard et le leader autochtone Ghislain Picard sont sortis de la réunion de deux heures peu après 9h15. 

Ils ont tous deux lancé un appel au calme dans les communautés touchées par l'affaire. M Picard a parlé d'une relation brisée avec les agents de la Sûreté du Québec.

« Il faut un sentiment minimal de sécurité au sein de nos communautés et ça, c'est autant la responsabilité de Québec que de notre part », a dit M. Picard.

Le premier ministre a aussi confirmé la nomination de Fannie Lafontaine, une experte en droit international, comme observatrice indépendante dans le cadre de l'enquête confiée par Québec au Service de police de Montréal sur les agissements de leurs confrères de la SQ.

Philippe Couillard a annoncé des investissements de l'ordre de 6 millions de dollars dans la région de Val d'Or, notamment au centre d'amitié autochtone, pour de l'aide psychologique et pour des projets de logement. Une nouvelle bien accueillie par les leaders présents.