Si elles ignorent dans quelles conditions leur consoeur missionnaire a été libérée, les soeurs de la Congrégation de Notre-Dame savent l'essentiel: soeur Gilberte Bussière va bien et reviendra au Québec «aussitôt que possible ».

Tôt lundi matin, la leader de la Congrégation de Notre-Dame, soeur Josephine Badali, a parlé au téléphone à soeur Gilberte Bussière. « Elle avait une voix forte, elle était heureuse », a raconté soeur Badali, lundi, lors d'une conférence de presse à Montréal.

Deux mois après son enlèvement, au Cameroun, soeur Gilberte Bussière, 74 ans, a été libérée dans la nuit de samedi à dimanche. La religieuse originaire d'Asbestos se trouve actuellement dans la maison de la Congrégation à Yaoundé, capitale économique du Cameroun.

« Si vous connaissez soeur Gilberte, c'est une femme volubile, a dit soeur Badali, faisant rire les six autres soeurs qui l'accompagnaient à la conférence de presse. J'ai appelé, on lui a donné le téléphone, et elle a parlé, parlé, et parlé. »

Soeur Bussière, qui a récemment souffert d'un cancer, a vu son médecin. Elle serait « en bonne santé ». Soeur Badali ne croit pas que sa consoeur ait été violentée pendant sa détention. Si ça avait été le cas, dit-elle, elle le lui aurait dit.

Pendant les semaines de sa captivité, Gilberte Bussière dit avoir beaucoup prié avec Giampaolo Marta et Gianantonio Allegri, les deux prêtres italiens libérés en même temps qu'elle. « Elle a dit que, pour elle, c'était une expérience de dévastation totale, qu'elle n'avait rien, mais que c'était aussi une expérience spirituelle profonde », a relaté soeur Josephine Badali.

« Elle m'a dit que, le matin du 31 mai, elle a dit aux deux prêtres : c'est la fête de la Visitation aujourd'hui. Ça va être aujourd'hui que nous serons libérés », a raconté soeur Badali, soulignant que les trois religieux ont effectivement été libérés tard ce jour-là.

Les trois otages n'ont mangé aucune protéine pendant leur détention, sauf la veille de leur libération, le 31 mai. « Ils ont demandé un type de protéine pour leur repas, et ils ont reçu du spaghetti avec des fèves», a raconté soeur Badali.

Gilberte Bussière a demandé à ses consoeurs de remercier tous ceux qui ont prié pour elle. La Congrégation a reçu plusieurs lettres de soutien ces dernières semaines. Elle les a rassemblés dans un livre qu'elle a remis à la famille de la religieuse. En plus de ses deux soeurs, Gilberte Bussière a encore sa mère, âgée de 97 ans, qui vit dans la région de Sorel-Tracy.

La Congrégation de Notre-Dame compte faire une « réflexion sérieuse » quant à sa présence au Cameroun. Ces derniers mois, le nord du pays a été le théâtre d'affrontements sanglants entre les forces camerounaises et Boko Haram, organisation terroriste du Nigéria voisin.

Six heures avant d'être kidnappée, soeur Gilberte Bussière avait d'ailleurs envoyé un courriel dans lequel elle disait que la zone devenait plus dangereuse et que deux groupes causaient des troubles dans la région.

Quelque 24 soeurs de la Congrégation de Notre-Dame sont présentes au Cameroun, dont trois du Québec, une du Nouveau-Brunswick, une de l'Île-du-Prince-Édouard et une des États-Unis. Les autres sont d'origine camerounaise.

Au Cameroun depuis 1979, soeur Bussière y a été directrice d'une école primaire pendant plusieurs années. « Elle a fait la promotion de l'éducation pour les filles », a expliqué soeur Badali. Elle faisait du mentorat auprès de la nouvelle directrice de l'école, d'origine camerounaise.

Le groupe Boko Haram, qui serait responsable de l'enlèvement de plus de 200 étudiantes à la mi-avril dans le nord-est du Nigeria, n'a jamais revendiqué le kidnapping des trois religieux.

Archives La Tribune

Soeur Gilberte Bussière